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Si je reviens comme je l'espère
Dossier : Paroles de poilus

La Grande Guerre au front et à l'arrière
Marthe, Joseph, Lucien, Marcel  Papillon   - Lettres du front et de l'arrière (1914-1918)
Grasset 2003 /  3.04 € -  19.90 ffr. / 398 pages
ISBN : 2-246-65431-9
FORMAT : 14x23 cm

Postface de Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt.

L’auteur du compte rendu : Agrégé d’histoire et titulaire d’un DESS d’études stratégiques, Antoine Picardat a été chargé de cours à l’Institut catholique de Paris et analyste de politique internationale au Ministère de la Défense. Il est actuellement ATER à l’IEP de Lille.

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La publication des «Lettres de…» (poilus, détenus, instituteurs et élèves, etc.) est devenu un genre éditorial à part entière. Sur la Première Guerre mondiale, l’ouvrage précurseur avait été Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier. 1914-1918 publié en 1978. Avec la disparition des derniers survivants de la guerre, il semble que le phénomène s’intensifie, et l’approche de chaque 11 Novembre est l’occasion d’un nouveau pilonnage.

Si je reviens comme je l’espère s’inscrit donc dans cette entreprise de (re)découverte des témoignages de soldats et participe à l’effort de constitution d’une sorte de mémoire collective de la vie quotidienne au front. Il s’agit essentiellement de la correspondance de quatre frères mobilisés, Joseph, Lucien, Marcel et Charles, et de leur sœur Marthe. Ils s’écrivent entre eux et ils écrivent également à leurs parents. Ces lettres furent retrouvées à partir du mois de décembre 1991 par Madeleine et Antoine Bosshard dans la maison qu’ils venaient d’acheter à Vézelay. Parmi les affaires ayant appartenu à la famille Papillon, ils découvrirent des centaines de lettres échangées entre la fin du XIXe siècle et les années 50. Les plus gros paquets correspondaient aux années de la Grande guerre.

Le livre publié à partir de ces lettres comporte en guise d’introduction une présentation, par Madeleine et Antoine Bosshard, de la famille Papillon. La conclusion, signée Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt, replace cette correspondance dans le cadre plus général des témoignages et des expériences individuelles de la Première Guerre mondiale. Entre les deux, 335 pages de lettres, dont plus de 200 pour la seule année 1915.

Que nous révèlent ces lettres ? Elles nous font d’abord découvrir une famille. Quatre frères, Marcel, Lucien, Joseph et Charles sont mobilisés. Les trois premiers sont au front, le dernier est mécanicien, à l’arrière dans une unité d’aviation. Joseph ne reviendra pas : il meurt en Champagne le 28 octobre 1915, gazé la veille au cours d’une attaque allemande. Marthe, la sœur, travaille à Paris, employée de maison chez de riches commerçants. Le frère cadet, Léon, et les parents Léon et Émilie, sont restés à Vézelay. Il y a peu de lettres d’eux, mais on les découvre au travers des réponses et des échanges entre les uns et les autres.

Ces présentations faites, une remarque s’impose : bien que l’on soit dans un milieu populaire - le père est cantonnier - on s’écrit énormément. Les lettrés n’avaient donc pas le monopole de l’usage de la plume ou du crayon. Bien entendu, les longues périodes d’inactivité au front, l’ennui, l’angoisse, créent des circonstances favorables pour écrire. Malgré tout, il reste l’illustration de cette familiarité avec l’écriture. Même Lucien, qui ignore à peu près tout des règles de l’orthographe et de la grammaire («J’ai eu de la venne d’aitre blessé […]. Je suis sans le sous. Ci tu veu m’an ranvoillé […]» écrit-il par exemple le 27 septembre 1915) écrit facilement. Image d’un peuple instruit.

Sur le quotidien pendant la guerre, la correspondance nous livre les exemples habituels. L’ennui et le train-train des soldats d’abord, qui s’enfoncent lentement dans une guerre longue, pleine d’inactivité et de souffrances. Les soucis quotidiens ensuite de lutte contre les rats, de plaintes contre la nourriture, mauvaise et insuffisante, ou l’équipement, pas assez chaud ou confortable. Les combats : Marcel, le plus réfléchi, celui qui semble le plus désireux de témoigner, évoque notamment Bois le Prêtre et Verdun.
En outre, chacun à ses préoccupations propres. Marthe se démène pour ses frères, elle envoie des colis, elle confectionne des chaussettes ou des tricots. Marcel médite sur la belle civilisation européenne du XXe siècle qui se livre à un tel massacre. Lucien est plus rustique, il regrette son Morvan et pense déjà aux retrouvailles arrosées avec ses copains lorsqu’il sera de passage à Vézelay. Joseph enfin, insouciant, semble très détaché des horreurs de la guerre. Cela ne le sauvera pas. Tous se soucient beaucoup des autres et semblent former une famille très soudée. Les lettres de novembre 1915 sont les plus poignantes : on est sans nouvelle de Joseph, qui est déjà mort, et l’anxiété croît. Il écrivait peu, mais tout de même ! Lorsque la nouvelle arrive, quelque chose se brise : jusqu’ici, le malheur les avait épargnés, désormais, ils sont réduits au sort commun.

Si je reviens comme je l’espère ne comporte en définitive aucun témoignage de première importance. Cependant, il ne faut pas y voir qu’une collection d’anecdotes ou de péripéties individuelles. Cette correspondance apporte un nouvel élément dans le vaste champ de recherche destiné à retrouver la dimension humaine de la guerre.


Antoine Picardat
( Mis en ligne le 12/12/2003 )
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