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| Séries Télé |
Très cher frère
de Riyoko Ikeda
Kaze 2004 / 60 ffr.- 9.16 €
Durée DVD 480 mn.
Classification : - 16 ans |
Edition collector VO Vol. 1
Titre original : Oniisama e
Version : DVD 9, Zone 2/PAL
Format image : 1.33 couleur
Format vidéo : 4/3
Format audio : japonais (Dolby Stéréo)
Sous-titres : français
Bonus :
Bande-annonce
Les 10 premiers épisodes en version française censurée
Un livret
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On connaissait en France Riyoko Ikeda grâce à son surprenant manga Versailles no bara (Lady Oscar), sorti en 1972 et adapté pour la télévision en 1979. En revanche, l’anime Onisama e (Très cher frère) ne marqua guère les esprits lors de sa diffusion sur TF1 en 1993. Et pour cause ! Non seulement la série fut épurée de toutes ses scènes suggestives, mais la chaîne arrêta de surcroît sa programmation dans le Club Dorothée au bout de sept épisodes seulement. Pourquoi un tel acharnement ? Tout simplement parce que Très cher frère, dans lequel sexe, drogue, coups bas et médisances réalisent un mélange explosif, est destiné à un public adulte relativement averti.
Nanako, jeune recrue de la prestigieuse école pour fille Seiran, fait sa rentrée avec sa meilleure amie Tomoko. À peine plongées dans leur nouvelle vie de lycéennes, les deux jeunes filles découvrent ce que le mot concurrence signifie. En effet, chaque année, sont élues dix nouvelles élèves à qui reviendra l’honneur d’appartenir au Cercle de la Rose. Cet étrange club est présidé d’une main de fer par la troublante Melle Myia, dont la beauté n’a d’égale que la cruauté. Les critères de sélection pour y entrer sont drastiques : les membres doivent avoir reçu une excellente éducation, posséder des talents multiples et surtout être issues de la plus haute société japonaise. Contre toute attente, Nanako est nommée pour la sélection finale.
Mais le Cercle de la Rose n’est pas apprécié de toutes. Naoru, la capitaine de l’équipe de basket, refuse notamment d’y être nommée. Cette jeune femme charismatique se partage l’admiration des élèves avec la très masculine et mutique Rei, plus connue sous le surnom de Saint-Just. Cette dernière vit délibérément à l’écart de toute l’agitation suscitée par les élections, comme indifférente à tout. Hélas, la nomination de Nanako attise la jalousie de ses camarades et la jeune fille subit les pires pressions pour renoncer à briguer le statut de membre. Heureusement, Nanako a un soutien inestimable : un ancien professeur (affectueusement appelé « très cher frère »), avec qui elle entretient une longue relation épistolaire, lui sert de confident. Nanako ouvre à ce dernier son cœur d’adolescente, avec ses interrogations et ses doutes. Ce correspondant discret offre ainsi à la jeune écolière l’occasion de sonder sans fausse pudeur les tréfonds de son âme et les tourments qui l’habitent. Mais quels liens étranges existent-ils entre tous ces êtres ? Quel lourd secret pèse sur Melle Miya et Saint-Just ? Et de quel mal étrange souffre Kaoru no Kimi, si sportive et pleine d’entrain ?
Autant de questions qui sous-tendent ce huis-clos parfois drôle, souvent oppressant et désespéré. Le microcosme que constitue l’école Seiran génère ainsi des intrigues passionnantes, où les amours et les haines se font et se défont dans un incessant mouvement. Riyoko Ikeda pose un regard acéré sur ce monde féminin rongé par les rivalités et l’envie. Elle aborde des thèmes qui lui sont chers et qu’on avait déjà pu découvrir dans Versailles no bara, comme la quête d’identité sexuelle, l’autodestruction et le suicide, et cette passion omniprésente pour la culture française avec pour références Verlaine, Sade ou Proust. Mais c’est un manga bien plus sulfureux qu’elle réalise avec Très cher frère, dont le romantisme exacerbé et l’ambiance baroque envoûtent littéralement le spectateur. L’auteur ne se contente effectivement pas de dresser des personnages androgynes, mais leur attribue aussi des «vices» qui ne les rendent que plus humains : on fume, on se drogue, on couche, on se fait du mal. Bref, pas de chichis inutiles, Ikeda n’y va pas avec le dos de la cuillère !
Tout ceci aurait pu être un prétexte pour choquer et faire étalage de fantasmes personnels, mais la célèbre mangaka démontre une fois de plus ses qualités de scénariste en usant de flash-back et en imposant des personnages complexes, aux rapports souvent orageux et malsains. Riyoko Ikeda ne parle finalement que de la difficulté de communiquer et met en scène sans ambages des modes de relations pathologiques, tels le masochisme ou l’inceste. Même les erreurs en deviennent sympathiques (le professeur de français fait notamment une faute de français au tableau !). Le coffret comporte aussi la version française, largement édulcorée et soutenue par un doublage exécrable, dans laquelle Sade devient Kessel, les écrivains pornos des romanciers de gare et où Saint-Just passe pour une enfant de chœur, réduisant la série à un shojo passablement niais ; le seul intérêt de cette adaptation est de démontrer à quel point une œuvre peut être galvaudée sous le coup de la censure.
Enfin, mention spéciale au soin apporté à la présentation de l’anime, avec un livret très bien fait (mais à lire après avoir découvert la série !) qui retrace la généalogie des personnages, propose des visuels, une courte bibliographie de Riyoko Ikeda et une interview captivante d’Osamu Dezaki, le réalisateur de l’OAV : «Les personnages de Riyoko Ikeda ont tous un point commun : ils s’accrochent à la vie. […] Au fil des pages je parvenais à comprendre leur attitude et je ressentais de la sympathie pour ces personnages parce qu’ils vont jusqu’au bout de leur pensée, parce qu’ils surmontent des obstacles difficiles et douloureux.» Alors à quand une édition française de Très cher frère ?
Océane Brunet
( Mis en ligne le 12/04/2004 )
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