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| Films -> Comédie |
Smoking / No smoking
de Alain Resnais
avec Pierre Arditi, Sabine Azéma
Fox Pathé Europa 2004 / 30 ffr.- 4.58 €
Durée film 140 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma : 1994, France
Versions : DVD 9 / zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.85
Format audio : Français (Dolby Digital 5.1), Français (Dolby Digital 2.0 Stereo)
Bonus :
Le commentaire audio d'Alain Resnais
Les interviews de Pierre Arditi et Sabine Azema
Le documentaire sur les décors (20 min)
Le reportage d'Alain Ayckbourn sur l'adaptation des huits pièces (1h)
Le reportage sur Floc'h, le dessinateur : diaporamas commentés
Les interviews d'Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri
4 bandes-annonces
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Contrairement aux apparences, Smoking/No smoking n'a pas pour cadre les verts alpages helvètes. L'emploi répétitif du typique "ou bien" suisse n'est que la pierre d'angle d'un entraînant diptyque qui ancre ses circonvolutions au cœur du très british Yorkshire.
Alain Resnais a des acteurs fétiches qu'il aime au point de les vouloir ubiquitaires… Gageure relevée avec Smoking/No smoking qui propose un casting minimaliste (mais de choix) pour une farandole de rôles. Pierre Arditi incarne, alternativement, Toby Teasdale, Miles Coombes, Lionel Hepplewick et Joe Hepplewick. Sabine Azéma, elle, se fond en Celia Teasdale, Sylvie Bell, Rowena Coombes, Josephine Hamilton et Irene Pridworthy.
Le duo multiforme égaye 4h45 de films, adaptés d'une suite de pièces du dramaturge anglais Alan Ayckbourn, et scénarisés par le duo Agnès Jaoui/Jean-Pierre Bacri.
Le principe : Une situation de départ, généralement simple et convenue (Un couple bancal, des amis sincères, de rares tentations, quelques regrets et de nombreuses aspirations…) explorée dans toutes ses évolutions potentielles à coups de "ou bien".
Les deux films se scindent ainsi en une multitude de saynètes, chacune parcourant une idée, un espace-temps de comédie, avant de rebrousser chemin et de bifurquer sur une autre voie, créant au final un véritable arbre de possibles.
Un exemple ? Miles Coombs, cinquantenaire sympathique et cocu, est plongé en pleine dépression.
Première option : La jeune et dynamique Sylvie accepte sa proposition de tour d'Angleterre à pied et le voilà revigoré et prêt à toutes les folies. "Ou bien", seconde option, la jeune fille refuse, et voilà le gentleman qui se métamorphose en ermite de remise... Une alternative qui débouchera sur de nombreuses autres.
Temps en vol suspendu
Comme toujours avec Alain Resnais, la photographie est particulièrement léchée. Les décors (un des cinq Césars qui récompensèrent le film, en 1994) sont d'une délicatesse exquise. Faux, fixes et colorés, ils soulignent l'essence théâtrale de l'œuvre et créent un délicieux décalage, une impression d'univers en suspension. Impression accentuée par les dédoublements d'acteurs croquant avec talent une galerie de portraits bigarrés (talent récompensé par un César du meilleur acteur pour Pierre Arditi*).
Tout est frais, original, dynamique et se laisse dévorer avec un plaisir gourmand. Une gâterie à la Resnais (tendance actuelle), en somme. Mais comme souvent avec les gâteries, certains resteront plus circonspects. Les limites de Smoking/No smoking tiennent en leur postulat de départ. Parcourir un ensemble de possibilités pour une situation de base donnée, c'est limiter tout réel développement.
Les deux films sont donc l'antithèse de la théorie scénaristique usuelle : une histoire qui file vers une conclusion surprenante en empruntant la narration la plus captivante possible. L'obstacle est contourné, certes astucieusement, mais il n'en reste pas moins qu'à picorer sans développer, l'identification se fait rarement et le spectacle n'est "que" plaisant...
De même, la multiplicité des choix entraîne une multiplicité des perceptions et une multiplicité potentielle des frustrations ; la qualité émotionnelle variant d'une scène sur l'autre.
Reste un superbe exercice de style, ciselé à coup de tournants inconscients dans la matière brute de l'existence humaine. Un plaisir à ne pas bouder.
Les amateurs de bonus trouveront leur compte dans le DVD bonus. Tout particulièrement grâce à un excellent entretien avec Alain Resnais. Une petite leçon de cinéma, pour mieux appréhender le film dans toute la réflexion créatrice qui l'entoure.
* Pour les curieux, les trois autres Césars sont : meilleur scénario, meilleur réalisateur et meilleur film.
Olivier Vachey
( Mis en ligne le 20/09/2004 )
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