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| Films -> Drame |
Betelnut Beauty
de Chen-Cheng Lin
avec Kao Ming-Chun, Chang Chen
One plus One 2004 / 25 ffr.- 3.82 €
Durée film 105 mn.
Classification : Tous publics |
Ours d’argent, Berlin 2001
Prix du meilleur réalisateur, Prix de la meilleur jeune actrice, Berlin 2001
Sortie Cinéma : 2001, Chine
Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1 : 85
Format audio : Chinois. Dolby Stéréo.
Sous-titres : Français
DVD Bonus :
« Comprendre le film », par Julien Welter
Qu’est-ce-qu’un Betelnut ?
Court-métrage Bang Nhau, de Stefan Sao Nélet.
Filmographies
Bandes-annonces de la Collection Ciné Talents
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Il pleut à Taipei. Un orage, en plein été. Fei-fei se plante sous la pluie et crie, comme un défi, comme un caprice. Feng l’a remarquée. La petite a du caractère, il la suit depuis quelques temps déjà. Alors, il se glisse à coté d’elle et hurle à son tour. La caméra, virtuose, tourne autour des deux futurs amoureux. La mise en scène joue du climat (du cliché ?) romantique. Pourtant, à cet instant, la romance n’a pas encore commencé et Feng, surpris, est rabroué par la pétillante, impulsive et jolie jeune femme.
Fei-fei s’est enfuie de chez elle et travaille comme vendeuse de betelnuts. Le betel est une plante asiatique, dont les feuilles sont enroulées autour d’une noix d’Arec, pour constituer ces friandises, les betelnuts, fort appréciées des hommes. Mais sûrement les betelnuts ne sont qu’un prétexte à approcher les commerçantes en tenues légères ! Feng, boulanger paumé en quête d’emploi, est sous le charme de Fei-fei, charmant bout de femme.
Sur fond de réalité urbaine et de petits trafics mafieux, les deux égarés (Fei-fei est en conflit avec sa mère et pleure en appelant son père au téléphone ; Feng est d’origine provinciale et traîne avec un seul ami) se frôlent, se regardent, et se laissent emporter par un désir naissant. Lin Cheng-Sheng dessine cette romance avec légèreté par glissements impressionnistes, elliptiques, toujours proches de ses personnages. Il joue de l’imaginaire tendance fleur bleue (une scène de balcon devant les lumières de la ville, une ballade en scooter, une danse dans la lumière bleue violette d’une boîte de nuit, un accord de guitare…) pour peindre la naïveté touchante de ces personnages de conte moderne. L’esthétisme marqué (couleurs vives et irréelles, longues focales et jeu sur le flou, taches lumineuses) complète cette atmosphère de conte urbain. Le cinéaste est maître du contrepoint : aux scènes amoureuses se juxtaposent des scènes de réalité sociale (précision des gestes de fabrication des betelnuts ou des génoises ; vie quotidienne des vendeuses de betelnuts…) ; aux scènes de réalité sociale s’ajoutent des scènes d’un tendre burlesque (Feng et Guang tentant d’attaquer un distributeur de billets, un parrain de la mafia buvant son thé, Fei-fei jouant l’actrice…). Lin Cheng-Sheng dessine une romance mais la romance n’est pas seule : des scènes de conflits entre mafieux laissent apparaître une violence qui s’engouffre dans le film et bouscule le couple amoureux ; des mots claquent : « je ne veux pas devenir comme maman qui attend que mon père revienne », a dit Fei-fei à Feng ; des coups de feu aussi claquent…
On voyage beaucoup dans cette ville immobile, on marche, on court pour échapper aux truands, on circule en scooter, serrés l’un contre l’autre, en voiture, en train… On voyage sur place. Fragile ballade que Betelnut Beauty en une errance urbaine et contemporaine.
En complément au film, on trouvera la filmographie du réalisateur et des acteurs, la réponse à la question Qu’est-ce qu’un Betelnut ?, une fine analyse du film reprenant quelques séquences pour suggérer le jeu de construction de la mise en scène et mettre en mots notre sensation du film. Enfin, dans une politique éditoriale de soutien au court-métrage, on découvrira le film, Bang Nhau, de Stéfan Sao Nélet.
Benoît Pupier
( Mis en ligne le 20/09/2004 )
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