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Littératureet Romans & Nouvelles  

Comme un Garçon
de Pierre-Louis Basse
Stock 2009 /  14,50 €- 94.98  ffr. / 140 pages
ISBN : 978-2-234-06026-5
FORMAT : 13,5cm x 21,5cm

Pauvre intellectuel

En 2009, un homme atteignant la cinquantaine s’offre une semaine à la poursuite de sa jeunesse. Il s’installe place de Clichy, et lui reviennent à la volée ses vingt ans, la khâgne du lycée Jules-Ferry, sa bande de copains, et surtout Lucie. C’est pour elle, ce premier amour fugace, qu’il a entrepris cette recherche, ce plongeon dans son passé, cette célébration de sa propre mémoire.

Le roman est fortement teinté d’autobiographie, Pierre-Louis Basse a donné à Pierre Garçon le nom de son grand-père, et surtout les parents de l’auteur, sa profession de journaliste sur Europe 1, et beaucoup de ses souvenirs. En 1979, le jeune homme était baigné dans la tradition résistante et communiste parentale mais entraîné vers le gauchisme - quoique ses tentatives révolutionnaires se limitaient à jeter des pots de peinture sur les repaires de la nouvelle droite. Sa bande et lui voyaient passer les écrivains dans Apostrophes, critiques envers les nouveaux philosophes et fascinés par Borges ; ils écoutaient Zappa et Higelin et suivaient les matchs de Saint-Etienne.

Tout cela revient à la mémoire du cinquantenaire, qui sait avoir trahi ses idéaux, mais sans être beaucoup tracassé par sa conscience. Il préfère se complaire dans son empilement de réflexions banales et de bribes de mémoire plus ou moins futiles, pleines de flou, de presque transparence, de vague impression, sans avoir d’aventure plus marquante qu’une descente à skis de la Butte Montmartre à raconter, alors que le seul compagnon de l’époque qu’il retrouve est allé prendre les armes contre l’apartheid.

Pierre-Louis Basse, journaliste radio donc, est entré en littérature en écrivant avec Eric Cantona une biographie de celui-ci, puis d’autres ouvrages sur le domaine sportif, avant d’explorer une veine sociale et parisienne. Il semble surtout avoir retenu le discours d’un directeur de sa station qu’il relate ainsi : «"Le futur de la radio, disait-il très ému, passe définitivement par le small-talk, et surtout le multi-task." Parler court. Et vite. Multiplier les tâches. S’éloigner du sens des choses, avec optimisme et gaieté. (...) L’essentiel était d’être convaincu qu’il n’y avait aucun espoir pour le récit qu’une présence décharnée et brève». Il en fait une stricte application dans ce très court roman, même s’il tente de se persuader, à défaut de persuader les lecteurs, qu’il est plus malin que ça, qu’il sait mettre de la distance avec ces consignes éditoriales.

Il est vrai qu’il sait mettre de la distance avec les choses, c’est presque un leitmotiv ; il ne sait d’ailleurs traiter que superficiellement avec ce qui l’entoure, jusqu’à Lucie, qui réapparaît juste le temps de consulter son profil sur un site internet. D’ailleurs le PCF, Higelin ou l’AS Saint-Etienne existent encore : ils ne reçoivent guère plus d’attentions que dans ces brèves radiophoniques, dont Comme un Garçon est l’équivalent littéraire, vite lu, vite oublié.

Marc Lucas
( Mis en ligne le 02/10/2009 )
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