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Littératureet Romans & Nouvelles  

Baignade surveillée
de Guillaume Guéraud
Rouergue - La Brune 2014 /  13.80 €- 90.39  ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-8126-0615-1
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Un été au Cap Ferret

Guillaume Guéraud, connu par son œuvre pour la jeunesse, revient à la littérature adulte avec son deuxième roman, Baignade surveillée, petit bijou incisif de 125 pages. Dommage que cette histoire d’un naufrage annoncé, à la belle écriture au couteau, ne soit pas plus étoffée.

Il fait beau, il fait chaud, au Cap Ferret près de Bordeaux, où Arnaud, docker syndicaliste CGT sur le port de Marseille, est venu se ressourcer comme chaque année avec Estelle et Auguste, adorable gamin de 10 ans. Il espérait souffler un peu, recoller son couple... mais son espoir est vite anéanti car Estelle est sur le point de le quitter pour un musicien qui parle d’elle dans ses chansons ! «Tous les voyants étaient au rouge - seul Auguste ne tirait pas la tronche le jour du départ. Estelle faisait la gueule - moi aussi» (p.9). La communication dans le couple est impossible, ils n’ont plus rien à se dire, Estelle est déjà ailleurs...

Sur ces confrontations permanentes entrecoupées de silences qui en disent long, déboule Max, le frère d’Arnaud, grand coutumier des séjours en prison. Cette fois-ci, il a suivi une formation de grutier ; le seul petit problème est que la grue (que l’on voit sur la couverture) a servi à faire un casse pour récupérer une précieuse cargaison de billets. «Brutale attaque d’un fourgon blindé à Dunkerque : 3 convoyeurs tués» (p.74).

Cet été-là offre alors une tranche de vie au goût amer et tendre, aux parfums d’iode et de bois brûlé, fumés aux vents de l’Atlantique. C’est un livre d’hommes (Estelle, la seule femme, s’apprête à partir) : le mari, un gros nounours qui essaie de tout arranger et qui aime tout le monde, Auguste son fils, et le frère Max, plus jeune de deux ans, venu se mettre au vert en attendant la fin de l’orage. Les deux frères ont chacun leur espace propre ; les chapitres en italiques qui racontent les aventures de Max alternent avec le déroulement des vacances.

Le style est sans répit, haché et précis comme pour un roman policier. Le rythme de la mer, les chagrins qui s’enracinent sont portés par un court dialogue, la peinture d'émotions dans les couleurs gris-bleu de l’Aquitaine. Un mélange réussi de la vie d’avant et des galères de maintenant : la vraie vie qui ne va plus, entre nostalgie et amertume.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 24/02/2014 )
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