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Littératureet Romans & Nouvelles  

Manquent à l'appel
de Giorgio Scianna
Liana Levi 2018 /  18 €- 117.9  ffr. / 205 pages
ISBN : 978-2-86746-985-5
FORMAT : 14,0 cm × 21,0 cm

Marianne Faurobert (Traducteur)


Révoltés

Un court roman de Giorgio Scianna, romancier et dramaturge italien, fort bien traduit par Marianne Faurobert. Pas un mot de trop dans ce récit d’apprentissage écrit au scalpel. Le récit se déroule du 23 novembre au 27 décembre ; un narrateur, dont on apprendra plus tard le prénom – Lorenzo - et le handicap - une boiterie congénitale. Alternent de courts chapitres, Lorenzo revient en arrière pour éclairer – sinon expliquer - son histoire, leur histoire, celle de ces quatre adolescents lombards, de familles aisées, qui achèvent leur cycle d’études lycéennes.

Quatre amis inséparables : Roberto, Anto, Ivan et Lorenzo, un cinquième, Simone, qui les abandonne, envoyé par sa famille poursuivre ses études en Angleterre afin de mieux intégrer ensuite une prestigieuse université. Des familles «bien sous tous rapports», des parents aimants, et quatre adolescents qui un jour décident de partir.

Lorenzo revenu seul, hâve et mutique, une nuit, distille ses souvenirs ; il en vient progressivement à expliquer ce qui les a conduits à organiser leur départ pour une destination dont le lecteur comprend assez vite qu’il s’agit de la Syrie en guerre, de camps d’entraînement. Quatre garçons catholiques, qui ne semblaient pas particulièrement perdus, n’avaient aucune raison d’embrasser la cause d’un Daech (qui n’est pas nommé).

Lorenzo, pour des raisons qu’on laisse le lecteur découvrir, ne pourra participer jusqu’au bout à l’aventure. S’interrogeant sur les raisons de ce qu’on nomme volontiers radicalisation, Giorgio Scianna voit dans ce choix l’ardent désir d’aventure dans une société sans surprise. L’un des quatre s’embarque avec La Peste dans la poche ; une phrase de Camus, tirée de L’Homme révolté, est donnée en exergue : «Chaque révolte est nostalgie d’innocence». En dépit des drames successifs, le lecteur peut penser que leur innocence reste intacte…

Un livre subtil qui s’interroge sur les raisons qui peuvent pousser de jeunes Occidentaux à s’engager pour Daech, mais aussi, au-delà, un livre sur l’adolescence, ses incertitudes, sa fascination pour les images, la musique, ses exigences...

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 12/01/2018 )
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