Littérature Romans & Nouvelles

Super G de Nicolas Pages Flammarion 2005 /  17 €- 111.35  ffr. / 287 pages ISBN : 2080685988 FORMAT : 14x21 cm La chute... C’est l’histoire d’une femme que tutoie le narrateur dans un jeu de miroir difficile à saisir mais qui a son charme. Car l’on ne sait pas vraiment qui parle ni de qui il est question dans l’évocation de cette vie délabrée et difficilement reconstructible. Celle d’une vaincue tragique, fille d’une famille déchirée (un frère suicidé, des parents sourds au malheur de leurs enfants), ex d’hommes aux prénoms d’apôtres ou de grands saints… «Après, Paul, Pierre, Jean, Jérôme et les autres, alors que tu es venue te réfugier à la montagne, tu réalises que tu t’es perdue dans ce dépaysement.» (p.112) Chacun à sa part d’ombre dans ce tableau obscur qu’est la vie de l’anti-héroïne, dépeinte avec brio par Nicolas Pages. Elle choisit de fuir tant de noirceur dans le manteau virginal de la montagne, seule avec son chien, monitrice de ski, scène immaculée, décor hésitant entre le linceul et le lange, jusqu’au bout… Comme le Super G éponyme qui, chute accélérée, porte en soi aussi la promesse d’un envol… C’est une inapte à la vie. «On pourrait te fixer un masque à oxygène que tu n’aurais jamais assez d’air. Jamais assez d’espace. Jamais assez de distance entre toi et les autres.» (p.254) Trop cabossée par les ans et les malheurs de l’existence, des coups dur enchaînés à une fréquence mélodramatique, elle peine à tenir debout. On l’admire pour la résistance, on la plaint pour l’abattement incessant malgré tout. «Le visage entre tes mains, ton regard absent, comme si tu cherchais en vain une ligne d’horizon pour te réconforter» (p. 87). Beau mais point facile, ce Super G est l’un des romans remarquables de la rentrée d’hiver. A découvrir donc, soumis à un suspense existentiel : chute ou rédemption ?... Bruno Portesi ( Mis en ligne le 24/01/2005 )

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