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Littératureet Romans & Nouvelles  

Kotel California
de Michael Sebban
Hachette - Littératures 2006 /  18 €- 117.9  ffr. / 250 pages
ISBN : 2-0123-5847-0
FORMAT : 13 x 20 cm

L'auteur de l'article : Agnès Abécassis est journaliste. Elle est l’auteur d’une comédie intitulée Les Tribulations d'une Jeune Divorcée, aux éditions Fleuve Noir (www.agnesabecassis.com).

Eli à Hollywood

Surfeur, rappeur et marchand d’art, il a tenté de s’installer en Israël dans La Terre promise pas encore ? (Ramsay). Prof de philosophie et juif pratiquant, il a été confronté à l’antisémitisme au sein du lycée de Seine Saint-Denis où il enseignait dans Lehaïm (Hachette Littératures). Dans Kotel California (titre jeu de mots avec Kotel, qui signifie «Mur des Lamentations»), voila Eli S. qui plaque tout et décide, sur un coup de tête, de partir vivre à Los Angeles. Soleil à gogo, surf à plein régime, de bons cigares, que demande le peuple ? D’autant qu’il étouffait dans son studio de Belleville, tournait en rond et envisageait une fois de plus de quitter la France.

Alors il répond à l’annonce d’un restaurant casher sur Beverly Hills qui recherche un cuisinier oriental : tiens, justement, c’est un métier qu’il n’avait pas encore essayé ! Eli se fait embaucher au culot, reçoit son billet d’avion, et s’envole grignoter sa part de rêve américain.
«- Papa, c’est Eli.
- Ya bn’i. Ca se passe bien l’Amérique ?
- C’est génial, papa. Il fait beau tous les jours, la mer est à côté.
- C’était comme ça l’Algérie, mon fils. Tous les soirs, on prenait la kémia sur le front de mer.
- A propos de kémia, papa. J’ai besoin que tu me donnes la recette de la harissa. (…)
Ma harissa n’égalera pas celle de mes souvenirs, mais elle suffira amplement à mes clients qui s’obstinent à vouloir de la sauce barbecue avec mes merguez, des frites avec le hassbane, ou du gingembre avec le complet poisson.
»

Très vite, le Petit Oran devient le dernier endroit à la mode. Les stars se pressent au portillon pour se délecter de ses succulentes recettes traditionnelles. Après avoir rempli la panse de Demi Moore ou de Cameron Diaz d’exotiques couscous boulettes, ivre de bonheur et de sérénité dès qu’il pose un pied sur sa planche, il court surfer à Topanga beach. Mais lorsque son escroc de patron le licencie, Eli S., à la rue et sans le sou, entame une carrière de paparazzi…

Trop court, ce roman, beaucoup trop court malgré ses 250 pages, tant on s’attache à ce personnage lucide et atypique qui retombe toujours sur ses pattes. Avec son écriture limpide, pleine d’humour et d’ironie, Michael Sebban nous offre une fois de plus un roman délectable, à dévorer d’urgence cet été.

Agnès Abécassis
( Mis en ligne le 02/06/2006 )
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