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Littératureet Romans & Nouvelles  

Dans la gueule de la baleine guerre
de Jean-François Haas
Seuil 2007 /  21 €- 137.55  ffr. / 378 pages
ISBN : 978-2-02-091241-9
FORMAT : 14,0cm x 20,5cm

Date de publication : 23/08/2007

Promesse de jeunesse

Au soir de sa vie, Joseph se souvient de ses jeunes années, une jeunesse perdue dans l’armée allemande. Nous sommes en 1944, Joseph, Friedrich-Emmanuel et Franz sont en pleine campagne russe, campagne suicidaire, où les cadavres s’amoncellent. Des morts pour rien, et eux, ces trois amis qui ont peur, sont affamés, se demandant ce qu’ils font dans la gueule ouverte de la baleine. Chaque jour devient un défi à la mort, chaque jour gagné est un miracle. Et pourtant ils continuent à avancer dans cette tuerie, victimes et assassins à la fois, leur amitié devient le seul rempart, ce souffle contre l’insupportable.

Pour se rassurer, Friedrich-Emmanuel porte sur lui, comme un talisman, des reproductions de Dürer, une touche de beauté dans le marasme quotidien. Le ventre creux, les membres tremblotants, ils se mettent à se raconter des histoires à partir de ces cartes, voyant par ici un chevalier dans toute sa splendeur, par là un roi-crapaud. «Peut-être le jour de la mort, le soir de ta mort, cette veillée funèbre que nous avons vécue balancés dans les cachots gémissants de notre camion, était-ce encore un peu d’innocence qui en nous cherchait à être dans nos larmes ? Etait-ce l’amitié dont nous étions encore capables qui nous laissait espérer qui peut-être le tueur que nous étions devenus n’était pas tout ?»

A la mort de Friedrich-Emmanuel, broyé par un obus, son cadavre gelant à peine dans la campagne russe, ses deux compagnons d’armes et de contes se promettent d’écrire un jour cette vie réelle et imaginaire. Mais plusieurs décennies plus tard, Joseph voit à son tour sa propre mort en face et cette promesse qui est restée vaine. Devant l’urgence, il commence à écrire cette histoire, aidé de son infirmier.

Dans le brouillard des pensées d’un vieillard, l’histoire se déroule dans un flot continu d’anachronismes. Les mots s’alignent et s’enferrent peu à peu dans une sorte de magma fait de lourdeurs stylistiques et de néologismes hasardeux. Le lecteur rentre alors interdit dans le monde opaque de Jean-François Haas, n’effleurant que subrepticement une histoire qui reste bout à bout obscure.

Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 19/11/2007 )
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