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Littératureet Romans & Nouvelles  

Dans la tête de Shéhérazade
de Stéphanie Janicot
Albin Michel 2008 /  19,50 €- 127.73  ffr. / 330 pages
ISBN : 978-2226188434

Date de parution : 20/08/2008.

Télégénique mais pas génial

Shéhérazade est animatrice télé à l´audimat confortable, confidente des nuits, une sorte de Mireille Dumas à la chevelure noire et bouclée, une beauté orientale : couple défaits, souvenirs d´inceste, ambitions avortées, problèmes alimentaires... elle sait faire épancher les coeurs vers la lucarne bleutée. C´est d´ailleurs à son auditoire, à son public qu´elle s´adresse dans ce roman dont elle endosse la narration...

Celle-ci se partage entre le présent de la vedette, son histoire d´amour difficile avec Philippe - Francais de pure souche, une ex femme, des enfants -, et les souvenirs de l´adolescence : orpheline de mère, chérie et poussée de l´avant par son père, propriétaire d´un bar à la chaleureuse mixité sociale, elle entre au lycée Louis Le Grand, antichambre des grandes écoles, écuries républicaines pour la bourgeoisie de France. Difficile acclimatation ; la fille du Maroc se sent comme Cosette dans le marbre du grand lycée ; il lui manque, comme disait l´autre, du capital culturel et social...

Elle se lie pourtant d´amitié avec Sophie et Aubin, futurs normaliens, elle ensuite professeur de lettres dans un autre grand lycée parisien, lui écrivain au succès modeste. Un drame - en fait, un double drame - mettra hélas fin à leur entente, rapidement ; ce n´est qu´à l´occasion d´une idée d´émission et d´un peu de nostalgie aussi que Shéhérazade reprendra plus tard le contact avec ses deux anciens compagnons.

Et, au final, l´équivalent littéraire d´un téléfilm à la française, avec ses clichés et ses bons sentiments (le happy end, inutile et factice, donne la migraine) : les personnages de Stéphanie Janicot ne sont pas des individus mais des archétypes, grossières illustrations de réalités sociales expédiées, sur le malaise des banlieue, le racisme ordinaire français, ce système de castes qui - en effet - gangrène l´enseignement supérieur... Quant à Shéhérazade, elle est cette égoïste, triste figure au nombrilisme exacerbé, fatiguante au fil des pages.

Pour amateurs de téléfilms, donc.

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 18/08/2008 )
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