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Littératureet Biographies, Mémoires & Correspondances  

Pensées & aphorismes
de Gustave Flaubert
Arléa 2010 /  16 €- 104.8  ffr. / 115 pages
ISBN : 978-2-86959-834-8
FORMAT : 14cm x 20,5cm

Choix de lettres

«On publie pour les amis inconnus. L’imprimerie n’a que cela de beau» - Gustave Flaubert

Gustave Flaubert (1821-1880) règne sur le XIXe siècle grâce à quatre chefs d’œuvres absolus : Madame Bovary, Salammbô, L’Education sentimentale et Bouvard et Pécuchet. Romans auxquels ont doit ajouter le recueil des Trois contes ainsi que La Tentation de saint Antoine et quelques textes de jeunesse. Mais cela ne serait pas connaître Flaubert entièrement si l’on ignorait sa volumineuse correspondance dont est tiré le recueil que les éditions Arléa proposent dans leur collection de «Pensées d’écrivains». En effet, Flaubert était un grand épistolier et c’est sans surprise que l’on s’attache aussi à la lecture de sa correspondance qui illustre en fait un véritable «art d’écrire».

Mauvais choix donc que le titre Pensées et aphorismes pour cette anthologie de lettres puisque Flaubert y est non pas moraliste ou penseur, mais épistolier ! De 1846 à 1973, Flaubert écrit à Louise Colet (évidemment !), Maxime du Camp, Charles Baudelaire, George Sand, Emile Zola, Guy de Maupassant, Théophile Gautier pour ne citer que quelques noms célèbres de son temps, mais aussi à des destinataires plus intimes comme sa mère ou son oncle. Et si la teneur des propos n’est jamais anodine, il est rare d’y rencontrer des maximes ou autres sentences définitives. Flaubert y est soit descriptif, soit intime, soit théorique, soit historique.

En cela, cette anthologie épistolaire reprend de façon assez nette les préceptes littéraires de Gustave sur l’art d’écrire. Deux mots en ressortent : rigueur et exigence. On reconnaît aisément le Flaubert ascète, le génie solitaire et le rebelle indigné. Rappelons que Flaubert pouvait passer des heures entières à composer une seule phrase tant il était obsédé par la perfection syntaxique et sémantique. Tourmenté entre le réalisme d’une prose romanesque et le lyrisme poétique (Flaubert admirait la métrique hugolienne), il brosse en quelques lettres déterminantes le portrait de l’artiste au XIXe siècle. Nombre de fois, revient dans ces pages la définition flaubertienne de l’écrivain : «L’artiste doit être dans son œuvre comme Dieu dans la création, invisible et tout puissant ; qu’on le sente partout, mais qu’on ne le voie pas. Et puis l’Art doit s’élever au-dessus des affections personnelles et des susceptibilités nerveuses !» (18 mars 1857). Comme on le voit, on est loin du lyrisme et pourtant Flaubert était un tourmenté !

Le recueil est partagé en deux parties. La première concerne le Flaubert théoricien et intime quand la seconde s’intéresse plus nettement au Flaubert père de Madame Bovary, sur la conception puis la réception du roman. Cette partie revient de manière assez efficace sur la difficulté qu’a eue l’écrivain à composer son chef d’œuvre. Découragement, fatigue, panne sèche, remise en cause, épuisement, travail incessant, bref, Flaubert a souffert, sans présager que le roman serait condamné pour immoralité, outrage aux bonnes mœurs et au culte catholique. Ces quelques lettres en rendent compte.

Si le détour par ce choix de lettres n’est jamais inutile pour appréhender l’homme Flaubert, on ne serait trop conseiller la lecture de la correspondance complète de cet écrivain majeur.

Henri-Georges Maignan
( Mis en ligne le 19/11/2010 )
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