L'actualité du livre
Littératureet Essais littéraires & histoire de la littérature  

Jean Prévost aux avant-postes
de Jean-Pierre Longre , William Marx et Collectif
Les Impressions nouvelles 2006 /  18 €- 117.9  ffr. / 141 pages
ISBN : 2-87449-006-7
FORMAT : 16,0cm x 24,0cm

Préface de Jérôme Garcin.

Alias Capitaine Goderville

Le recueil de témoignages et d’études que consacrent Jean-Pierre Longre et William Marx à Jean Prévost permet de redécouvrir celui qui, selon eux, tint à la fois le rôle de «surdoué et d’homme à tout faire de la République des Lettres».

Né avec le siècle, Jean Prévost, mieux connu dans les réseaux de résistance sous le nom de «Capitaine Goderville», tombe durant les combats de Libération du Vercors, le 1er août 1944, soit le lendemain de la disparition de son exact contemporain, Antoine de Saint-Exupéry. De cette existence aussi brève qu’intense demeure l’image d’un tempérament passionné aux intérêts multiples, d’un infatigable travailleur qui n’eut pourtant pas l’occasion de mener à bien le grand livre que son talent promettait.

Sans doute le point culminant de sa carrière fut-il la défense, le 9 novembre 1942, de sa thèse sur La Création chez Stendhal. Cette mémorable soutenance, menée avec un brin de provocation, marqua non seulement un tournant dans les recherches sur l’auteur de La Chartreuse de Parme, mais également, pour certains, les prémices de l’analyse narratologique en France. William Marx avance même à ce sujet qu’elle constitua peut-être «l’une des toutes premières percées de la critique formaliste dans un monde universitaire encore largement dominé par le lansonisme.»

Chaque article tend à rendre de la cohérence à la vision fragmentaire et, force est de l’admettre, inégale que l’on se fait généralement de la production de Prévost. Pourtant, sous le journaliste peu engagé des années 20 pointe le commentateur brillant des poétiques de Baudelaire et de Valéry, le théoricien de la littérature, ou, facette inattendue,… le préfacier ! Dans l’une des plus longues contributions de l’ensemble, Michèle Hilsum parachève en effet par ce biais pour le moins original le portrait de l’artiste en débutant, en biographe et en érudit.

Après le purgatoire qu’elle traversa, il était donc temps que l’œuvre protéiforme de Prévost ressurgisse, pour donner lieu à une véritable postérité. Dans les années 90, plusieurs manifestations et colloques furent organisés, mais il aura fallu un peu plus de six décennies pour que soit posée cette stèle sobre et finement ouvragée, à la hauteur d’un athlète de l’écriture qui sut être à la fois, sans paradoxe aucun, glorificateur du savoir-faire artisanal et terriblement moderne.

Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 18/04/2006 )
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