L'actualité du livre
Littératureet Essais littéraires & histoire de la littérature  

Insomnies
de André Brincourt
Grasset 2007 /  17.90 €- 117.25  ffr. / 252 pages
ISBN : 978-2-246-73131-3
FORMAT : 13,0cm x 20,5cm

Un testament littéraire acide...

Âgé de 87 ans, André Brincourt voit ses amis disparaître : «au fur et à mesure que se ferment les yeux de ceux qui nous sont chers, nous devenons cet être composite qui se décompose.» Avant que son époque ne s’éteigne avec lui, un dernier examen de conscience s’impose, en consignant pêle-mêle ses pensées et souvenirs, «un recueil désordonné de réflexions provoquées : un pari engagé avec moi-même, une réponse que j’ai, par jeu, par curiosité, par défi certes, demandée ou dérobée à la mise en mouvement de l’esprit. N’en attendre rien qu’une cacophonie révélatrice. Plutôt que de laisser dormir les idées, les éveiller à l’heure. J’ai voulu emprisonner le vent.»

Durant six mois, André Brincourt note ses pensées, parfois une phrase est lancée, une simple phrase sans contour, ni détour. Des phrases à l’emporte-pièce et des révoltes sourdes. Les souvenirs ressurgissent, ceux de l'époque où il côtoyait André Malraux. Nostalgie et désœuvrement s'interpénètrent chez celui qui ne se reconnaît pas dans ce monde de façade, où les grandes idées et les débats n’ont plus cours. Il s’interroge sur cette culture qui se disloque dans la dictature de la communication, une culture dépourvue d’intensité et de volonté. Monde de mimétisme, monde clanique... il regrette la désincarnation de la littérature et de l’intellectualisme. «Ils ont fait de la littérature cette putain soumise aux idéologies fumeuses et fumantes, se tournant eux-mêmes et se retournant mouillés et vite séchés dans le favoritisme des clans.»

«Que peut devenir l’homme nouveau sur sa vieille planète ?», lorsqu’il n’est pas capable d’assumer son Histoire. Devoir de mémoire, derniers coups de gueule, André Brincourt truffe ses idées de citations, d’extraits d’articles. Étayer, consigner, se révolter, «développer une pensée. Mieux vaut la laisser ressurgir d’elle-même, dans un autre temps, une autre dimension.»

Insomnies réveille les consciences, pointe du doigt, dérange. Mais à force de lancer une réflexion dénuée parfois de tout développement, il y a cette sensation d’œuvre inachevée. Car l’idée n’acquiert-elle pas sa force dans sa construction ? Un Anti-journal, journal en chantier...

Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 12/12/2007 )
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