L'actualité du livre
Littératureet Poésie & théâtre  

Configuration du dernier rivage
de Michel Houellebecq
Flammarion 2013 /  15 €- 98.25  ffr. / 96 pages
ISBN : 978-2-08-130316-4
FORMAT : 13,7 cm × 21,1 cm

Sonnets vides

On ne présente plus Michel Houellebecq, auteur de romans célèbres : Extension du domaine de la lutte (1994), Les Particules élémentaires (1998), Plateforme (2001), La Possibilité d'une île (2005) et La Carte et le Territoire (2010). Ce que l’on connaît un peu moins est sa production poétique pourtant importante - Quelque chose en moi (1988), La Poursuite du bonheur (1992), La Peau (1995), La Ville (1996), Le Sens du combat (1996), Rester vivant suivi de La Poursuite du bonheur (1997), Renaissance (1999), Poésies (2010). Configuration du dernier rivage est le dernier recueil en date. Michel Houellebecq se dit proche de poètes comme Verlaine, Baudelaire, Novalis, Mallarmé, Rimbaud, Apollinaire. Les références sont sûres.

Ce destin poétique en parallèle de l’écriture romanesque semble pourtant étrangement méconnu. Si les romans de Michel Houellebecq ont été largement médiatisés pour leur «pessimisme», leur critique féroce d’une l’humanité se pensant «libérée», leur univers beau et désenchanté (l’auteur admire à juste titre Arthur Schopenhauer pour son essai Le Monde comme volonté et comme représentation), ses poèmes sont minimisés alors qu'ils témoignent d'une même lucidité. Sans doute à raison cependant car un problème réside dans la forme.

A les lire, nous ne sommes en effet pas «émus» par ces poèmes trop exsangues et factuels, sans que la combinaison des mots ne fasse mouche la plupart du temps. On pourrait prendre plusieurs exemples, comme celui-ci :

«Tu te crois séduisante
Avec ta jupe en skaï
Et tu fais la méchante
Comme dans une pub Kookaï»


Pourquoi avoir choisi ce texte somme toute fort banal ? La poésie est un exercice des plus difficiles, périlleux dans cette tentative de faire sonner les mots entre eux pour leur donner une dimension particulière. Il y a sans doute un risque auquel l’auteur se soumet avec un certain courage. Même quand il aborde la sexualité, celle-ci reste crue et sèche, versant un peu dans la facilité pornographique, voire une vulgarité fort convenue. Il serait un peu naïf de chercher à tout prix une originalité dans de la poésie mais on espérait ici tout de même un peu plus...

Alors sans doute Michel Houellebecq reste-t-il un excellent romancier…

Yann Leloup
( Mis en ligne le 13/05/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)