L'actualité du livre
Littératureet Poésie & théâtre  

Benjamin Péret à la radio - suivi de Le Déshonneur des poètes
de Benjamin Péret , Gérard Legrand et André Francis
Sous la lime 2015 /  21.50 €- 140.83  ffr.
ISBN : 978-2-909398-64-8
FORMAT : 13,6 cm × 19,1 cm

Avec 1 CD audio

Une aventure surréaliste

Benjamin Péret (1899-1959) était un poète surréaliste et certainement le plus fidèle compagnon d'André Breton durant cette aventure artistique. Tout comme ce dernier, il ne renia jamais les préceptes théoriques du Surréalisme et fut l'un des derniers fondateurs en activité au moment où cette génération périclitait, ayant renié depuis longtemps son engagement de jeunesse (Aragon, Soupault, Eluard, Tzara pour ne citer que les plus emblématiques).

Homme libre, provocateur, scabreux, révolutionnaire, sa poésie oscilla entre la célébration de l'amour, du merveilleux, de l'érotisme, de l'exotisme et une liberté formelle extrême. Le Grand Jeu (1928), Je ne mange pas de ce pain-là (1936) font parties des recueils célèbres, largement influencés par Les Chants de Maldoror de Lautréamont et Les Poésies de Rimbaud. Mais Péret a publié également des essais sur la poésie comme le pamphlet Le Déshonneur des poètes (1945) ou encore l'excellente Anthologie de l’amour sublime (1956).

On le retrouve interrogé à la radio en décembre 1952 par André Francis et Gérard Legrand. L'émission (très courte, 20 minutes) est entrecoupée de poèmes et de textes de Péret lus par François Valorbe et Bernard Bimont. Durant cet entretien radiophonique, le poète évoque assez brièvement son parcours (avec ses passages au Brésil et en Espagne notamment) tout en expliquant toujours aussi brièvement sa vision poétique et son itinéraire intellectuel. Malheureusement, nous n'en saurons pas plus. L'émission s'arrête brusquement en ayant épargné enfance et jeunesse !

Le Déshonneur des poètes est ensuite lu intégralement. Le texte revient sur la poésie engagée (ou de Résistance) des années 40 en France, avec comme symbole fort ''Liberté j'écris ton nom'' d'Eluard. Péret stigmatise la poésie réaliste et engagée sous prétexte qu'elle marque un retour aux formes classiques mais aussi au nationalisme et à la religion que le poète surréaliste exécrait par dessus tout. Si le poète est révolutionnaire au niveau esthétique et social, il ne peut faire de la politique que dans sa vie civile et en aucun cas la mêler à sa production poétique où le lyrisme et l'image doivent prédominer. Telle est la thèse de ce poète assez singulier, grand ami de Breton, irrévérencieux et souvent très radical (en poésie et en politique). Il repose d'ailleurs au cimetière des Batignolles, à quelques allées de son grand ami disparu quelques années après lui.

Ce document où l'on peut entendre la voix de Benjamin Péret, auteur peu lu et peu étudié, est assez curieux. Contrairement aux Entretiens radiophoniques de Breton par André Fraignaud (1952), ceux de Péret sont plutôt elliptiques et frustrants. Le format très court et le choix arbitraire des lectures ne donnent pas vraiment envie d'aller voir plus loin (notamment les sept tomes de ses œuvres complètes). C'est bien dommage car son aventure politique et poétique mérite le détour.

Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 11/12/2015 )
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