L'actualité du livre
Littératureet Poches  

Maruzza Musumeci
de Andrea Camilleri
Le Livre de Poche 2011 /  6 €- 39.3  ffr. / 152 pages
ISBN : 978-2-253-15693-2
FORMAT : 11cm x 18 cm

Première publication française en août 2009 (Fayard).

Traduction de Dominique Vittoz.


Amours merveilleuses

C'est l'histoire d'un ouvrier agricole et d'une sirène. D'un ouvrier agricole parti de Sicile pour New York, revenu en Sicile après quelques déboires, finalement heureux, avec la Mafia. Un magicien de la terre, du genre qui vous arrache une plantation d'oliviers et d'amandiers d'une langue de pierrailles entre mer et terre. D'une femme belle comme le jour, la nuit, la vie, dotée d'une sensualité à fleur de peau, d'une voix délicieuse, mais flanquée d'une aïeule plus proche de la sorcière que de la gentille mamie, et qui se prend pour une sirène… A moins qu'elle n'en soit une… vraiment. Histoire d'une rencontre arrangée devenu mariage réussi entre l'homme de terre et la femme d'eau. Histoire de naissances, d'une maison qui s'agrandit dans une croissance symétrique qui saura fasciner un amoureux du Bauhaus. Enfants qui aiment les étoiles, qui parlent des langues inconnues. Tout cela à Vigàta, en Sicile.

Et là, c'est la marque de Camilleri que l'on aura reconnue. Le maître du polar, le père du commissaire Montalbano, nous offre ici l'un des romans de son autre veine, plus historique, plus romanesque, mais toujours sicilienne. On retrouve sa langue truculente, heureusement rendue par une belle traduction, peut-être plus simple que dans de précédents ouvrages (point besoin de glossaire cette fois, les mots s'induisent plus facilement), mais toujours aussi chantante, enivrante, partie prenante du bonheur du lecteur.

L'histoire, qui court de milieu du 19e siècle à la Deuxième Guerre mondiale, réussit l'exploit de faire tenir une saga sur deux générations dans un court conte, parvenant à servir l'ampleur de la première par l'efficacité du second. Ça se lit vite mais ça laisse rassasié comme un bon vieux pavé de vacances ! Un tour de maître qui se pare d'une veine fantastique que l'on connaissait moins à l'auteur, mais dans laquelle il parvient à créer l'ambiguïté nécessaire au genre. Le tout pimenté d'une touche sensuelle qui sied bien à ses amours merveilleuses.

Mathilde Larrère
( Mis en ligne le 25/07/2011 )
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