L'actualité du livre
Littératureet Poches  

Tais-toi et meurs
de Alain Mabanckou
Pocket 2014 /  5.80 €- 37.99  ffr. / 216 pages
ISBN :  978-2-266-23121-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en septembre 2012 (elb - Vendredi 13)

Congo connection

Julien Makambo arrive en France, de son Congo-Brazzaville natal, pour conquérir la ville. Il y découvrira que son nom - Makambo - signifie «les ennuis» en Lingala, langue traditionnelle du Congo - ne lui a pas été attribué pour rien. Il va s'installer dans la petite communauté noire d'un appartement parisien, introduit par son mentor, Pedro, qui va vite se révéler habile manipulateur ; d'abord très à l'aise parmi ses compagnons et les petits trafics très juteux que Pedro lui propose, Julien - qui, entre-temps, aura troqué son nom porte malheur pour celui de «José Montfort» - va peu à peu s'enfoncer naïvement dans une inextricable affaire de meurtre, où il sera question d'une femme blonde défenestrée, dans une rue où malencontreusement Julien/José passait par là, pas tout à fait par hasard. C'est du fond de sa prison de Fresnes, où il croupit depuis des mois en préventive, en compagnie d'un codétenu nommé Fabrice, que José va nous raconter son histoire, avec force «flash-backs» qui de temps en temps surprennent un peu le lecteur.

Peu nous importe qu'Alain Mabanckou soit en équilibre constant entre roman noir et roman policier, il nous offre une description particulièrement truculente de la petite communauté noire-africaine de Paris : on trafique de tous côtés, on gagne un argent fou en quelques minutes, on le dépense en envoyant une partie des sommes «au pays», une autre pour s'acheter des «fringues» éblouissantes dans lesquelles on séduira les belles françaises nymphomanes, la troisième partie alimentant le loyer de l'appartement collectif.

Les portraits des «co-locataires» de José sont particulièrement fleuris : «Ils étaient tous là : Le Vieux, mentor de Pedro ; Prosper le Nordiste, amateur de viande de crocodile ; Désiré le musicien qui errait devant le Studio Bleu et ramenait des Françaises spécialistes du continent noir ; Bonaventure l'agent immobilier raté, qui s'enorgueillissait d'avoir sauté des clientes dans les appartements vides, et Willy le mécanicien dépassé par la technologie de Citroën et Renault au point qu'il en était réduit à travailler avec les Maliens de Montreuil».

On ne peut pas dire que l'auteur fasse la moindre concession à l'image de candeur et de naïveté que les Africains pourraient cultiver en France. Dans ce roman, tout est noir, et surtout l'âme des différents protagonistes. On pourra faire cependant un petit reproche à ce roman, c'est celui de quelques longueurs et situations répétitives ; ce bémol posé, la lecture en est passionnante, et à recommander fortement.

Michel Pierre
( Mis en ligne le 11/07/2014 )
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