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Littératureet Récits  

Chemin sous la neige - L'Enfant rieur - Tome 2
de Henry Bauchau
Actes Sud 2013 /  21 €- 137.55  ffr. / 220 pages
ISBN : 978-2-330-01412-4
FORMAT : 11,6 cm × 21,7 cm

Ultime pierre à l'édifice

Écrivain européen majeur, Henri Bauchau s'est éteint l'an dernier, centenaire quasiment. C'est son dernier écrit que les éditions Actes Sud ont publié tout récemment : après l'enfance durant la Grande Guerre (L'Enfant rieur, c'est le second conflit mondial et ses suites qui sont remémorés ici, et l'âge adulte donc.

La débâcle et l'occupation vécues de ce côté des Ardennes, la créations des VT, le Service des Volontaires du Travail, organisation polémique, patriotique mais suspectée de collaborationnisme (Léon Degrelle, chef de file des rexistes, fascistes belges, est honni mais menace de gangrener le mouvement), finalement le point de départ d'un mouvement résistant dans lequel Bauchau œuvra activement.

La création d'une coopérative d'édition, entre Bruxelles et Paris, qui lance la carrière de l'homme, dans les premiers moments aussi de son parcours littéraire. L'aventure Montesano à Gstaad. Les premiers temps aussi de l'introspection psychanalytique ; soumis à l'hydre de la dépression, l'homme choisit l'analyse, qui irriguera en retour son œuvre. Les doutes et les femmes, Laure, l'amante qu'il préfère à son épouse Marie, mais qui finira par lui préférer, elle, un autre écrivain, plus léger et drôle, F. M., ´´problème´´ que Bauchau règle définitivement : il épouse Laure alors que se termine cet ultime récit.

Un récit esquissé à mots dictés pendant le temps restant au vieillard. Un récit donc précipité, à la fois linéaire, descriptif - trop - mais elliptique aussi. On ne trouvera pas ici la douceur poétique ni la profondeur des suggestions qu'on aimait chez Bauchau. L'éditeur s'en excuse au nom de l'écrivain disparu, il prévient et explique : la démarche, urgente autant qu'impérieuse, d'un homme voulant - et, finalement, jouissant du privilège de pouvoir - porter cette dernière pierre à l'édifice. Le lecteur doit simplement comprendre et accepter que l'édifice en question est davantage celui d'une existence que celui d'une œuvre.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 06/03/2013 )
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