Littérature
Policier & suspense de Philippe Garbit
Gutenberg 2008 / 18 €- 117.9 ffr. / 212 pages
ISBN : 978-2-352-36038-4
FORMAT : 14cm x 22,5cm
A décliner...
Parmi les nombreux livres dont on se demande pourquoi ils ont été imprimés figurent en bonne place les recueils de blagues. L'expérience de leur lecture offre à peu près ceci : on les ouvre au hasard, on lit une ou deux histoires, on peut parfois se dire que la chute n'est pas mal trouvée, mais il est extrêmement rare de réagir comme l'auteur l'aurait sans doute voulu, en riant aux éclats. Et le vague sourire en coin qui, au mieux, avait pu naître à la première page, est rapidement étouffé sous un bâillement à la constatation que les mêmes grosses ficelles sont surexploitées pour remplir les suivantes.
Or, L'Invitation à dîner fonctionne exactement de la même manière, à cela près qu'il s'agit ici, nous dit-on, d'histoires «venimeuses», de mini-nouvelles policières en somme. Pour le reste ce recueil est conçu comme ceux du premier rigolo venu. On a donné de l'épaisseur à l'ouvrage en l'imprimant en gros caractères sur papier épais, et sous une couverture immanquablement noire afin qu'il soit identifiable dans les rayons ; mais il en manque cruellement sur le fond. Il est possible que le problème vienne ici aussi du passage de l'oralité à l'écriture, puisque ces saynètes devaient à l'origine être conçues pour la radio, leur auteur officiant à Radio-France. Mais à la lecture, on n'y trouve plus qu'une grande platitude.
L'ambiance et le décor peuvent être efficacement plantés en quelques notations, mais le procédé qui consiste à systématiquement conclure sur une chute «imprévisible» devient parfaitement prévisible couché sur le papier, et particulièrement quand il est répété toutes les deux pages. Pourtant certaines des pistes paraissent intéressantes, elles pourraient être des embryons d'intrigues noires qui mériteraient davantage de profondeur. Mais au lieu de développer ces potentialités, l'auteur s'est contenté d'ajouter à la publication de ses œuvres radiophoniques un avant-propos où il «fait le malin». Il professe un mauvais esprit visant apparemment à rendre «dérangeantes», voire «subversives» ses historiettes, alors qu'elles ne sont qu'inoffensives, autant qu'une énième variation sur Toto.
Marc Lucas
( Mis en ligne le 30/01/2009 )
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