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Meurtres et jardinage - 20 Polars agrémentés de conseils en jardinage
de Collectif
La Joie de Lire 2006 /  22 €- 144.1  ffr. / 266 pages
ISBN : 2-88258-353-2
FORMAT : 17,0cm x 24,0cm

Comment couper quelques branches mortes…

Le polar est un genre qui connaît un succès qui ne se dément pas. Depuis quelques temps, il est mis à toutes les sauces et la tentation est lourde de décliner le genre au service d’une multitude d’activités. On compte ainsi plusieurs anthologies devenues supports de recettes de cuisine ou de cocktails. Mais les manières de table ne suffisent plus à discriminer victimes et criminels. Et que l’on soit meurtrier ou non, on peut être sensible à cet art… de vivre, bien plus complet que la simple habitude de boire du Chablis à dix heures du matin ou la possession d’une Underwood. Le meurtre a ses jardins secrets qui ne sont pas seulement des dissimulations et des silences ; ce sont aussi des décors réels dont on doit prendre soin. La proposition de cet ouvrage est donc simple et attrayante : une fois vous être débarrassé d’un corps, cultivez votre jardin !

Tous les meurtriers ne jouent pas à domicile. La forêt ou le jardin public sont en effet des lieux d’exercice qui ne manquent pas de charme. Comme dans cette première nouvelle, «Un beau garçon» de Ann Granger, où le caractère public du jardin – en plein centre de Londres - semble paradoxalement offrir une couverture au criminel, qui d’ailleurs ne sera pas arrêté. De même, une forêt en pleine nuit peut être le lieu privilégié d’activités aussi diverses que le rendez-vous amoureux ou l’assassinat expéditif. Le piquant de l’histoire de Almuth Heuner, «Dans la nuit obscure», vient du fait que ces deux types de rendez-vous peuvent se tenir simultanément… Bref, certains parcs deviennent le théâtre d’activités criminelles parce qu’ils nous apparaissent plus sous l’aspect de la salle obscure que sous celui du théâtre en plein air.

Mais la végétation peut devenir aussi un mobile en soi. Ainsi, l’amour immodéré pour les roses, l’ambition irrépressible d’être le créateur d’une espèce, peuvent offrir un mobile aussi solide que le trop classique appât du gain. Il en est ainsi dans «La guerre des roses» d'Andrea C. Bush, où le contraste entre la beauté des églantines et la violence du poison employé est assez saisissant. De façon plus anodine, la végétation peut être simplement le lieu de rencontre de deux projets criminels. Sur le modèle de «L’inconnu du Nord-Express», de Alfred Hitchcock, Lawrence Block pose deux personnages qui vont s’échanger leur crime après s’être rencontrés sur un terrain de hand-ball («L’inconnu de Sheridan Park»). Lequel terrain devient le lieu de l’élaboration de leurs plans, mais aussi d’une compétition dont un seul peut sortir vainqueur.

Après chacune de ces nouvelles, suivent quelques conseils de jardinage. Chaque histoire est donc prétexte à des recommandations concernant la sélection et l’entretien des fleurs pour bacs et jardinières, l’entretien des gazons résistants ou encore le choix d’espèces compatibles dans un parc, sans oublier la présentation assez précise d’espèces plus ou moins répandues. Tout cela est donc assez sympathique. Et l’on aura compris que chérir la nature peut amener certains d’entre nous à opérer quelques «élagages» dans l’espèce humaine. Il n’y a là rien d’incompatible.

On regrettera toutefois que la qualité des textes proposés est assez inégale. Aussi, si Peter Greenaway, avec «Meurtre dans un jardin anglais», avait, pour le cinéma, réussi à faire du baroque d’une végétation le décor et la clé d’une énigme, il reste que dans ce florilège de textes, le thème du jardinage est parfois un peu plaqué.

Guy Dreux
( Mis en ligne le 08/09/2006 )
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