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Littératureet Policier & suspense  

Le Syndrome Copernic
de Henri Loevenbruck
Flammarion - Thriller 2007 /  19.90 €- 130.35  ffr. / 448 pages
ISBN : 2-0806-90876

Indigeste

La Défense, de nos jours, 8h08. Alors que Vigo Ravel, 36 ans, se rend au dernier étage de la tour SEAM où il est soigné pour schizophrénie mâtinée d’amnésie et d’hallucinations auditives, un terrible attentat dévaste intégralement le célèbre centre d’affaires. Vigo est le seul survivant. Et pour cause : ce sont les voix qu’il entend dans sa tête qui lui ont ordonné de fuir. Ses surprises ne sont pas terminées puisque notre héros apprend dans la foulée que le cabinet médical dans lequel il était soigné n’a jamais existé, pas plus que ses parents, et toute sa vie d’avant. Ravel comprend alors que ses hallucinations auditives sont bien réelles, qu’il n’est absolument pas schizophrène et que son existence n’est qu’une machination.

Reste à savoir qui Vigo est réellement et ce qu’on a fait subir à son cerveau. Sa quête d’identité le mène rapidement sur la piste d’un mystérieux Protocole 88, tandis que des types pas très catholiques le traquent, que la tentaculaire Défense livre peu à peu le secret de ses bas-fonds et qu’une jolie flic dépressive lui vient en aide…

Avec un scénario pareil, la couleur est annoncée : on n’est pas là pour rigoler. Avec le lancement non plus, on ne plaisante pas : premier tirage à 40 000 exemplaires, campagne médiatique d’envergure, couverture à l’américaine... Les éditions Flammarion ont misé gros sur le nouveau titre de ce jeune auteur peroxydé déjà réputé : Loevenbruck, 34 ans, est en effet l’auteur de deux trilogies de science-fiction remarquées – La Moïra (2001-2002) et Gallica (2004-2005), aux éditions Bragelonne –, ainsi que d’un premier thriller ésotérique adoubé par Bernard Werber – Le Testament des siècles (2003), déjà chez Flammarion. Qu’en est-il alors de ce Syndrome Copernic ? Autant le dire, la première partie du roman, sorte de plongée kafkaïenne paranoïaque, est tout à fait réussie. L’impression d’inquiétante étrangeté y est admirablement communiquée, et l’on part, réjoui et angoissé, sur les traces du passé de Vigo Ravel. Mais au fur et à mesure que le récit se déroule, c’est un inquiétant ennui qui gagne. L’intrigue bascule en effet dans des méandres politico-cybercrimino-militaires abscons, sur toile de fonds cognitivo-comportementale.

On ne doute pas qu’Henri Loevenbruck se soit dûment renseigné sur les sciences cognitives – aidé par sa sœur, chercheuse au CNRS. Mais la somme documentaire ne fait pas tout, et on aurait aimé que le même effort soit consacré à l’épaisseur des personnages – coques vides, à l’image de la mémoire du héros – et à la fluidité du récit, entachée qui plus est par des considérations philosophiques et existentielles dont on se serait volontiers passé. Le Syndrome Copernic fait hélas l’effet d’une gaufre : au début, on est ravi de la dévorer, mais à la longue, elle finit par devenir indigeste.

Caroline Bee
( Mis en ligne le 19/01/2007 )
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