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Repose-toi sur moi
de Serge Joncour
Flammarion 2016 /  21 €- 137.55  ffr. / 432 pages
ISBN : 978-2-08-130663-9
FORMAT : 14,7 cm × 22,1 cm

Beauty and the Beast

Le titre en forme d'adresse, rappelant les médiocres best-sellers des Musso, Lévy et autres écrivains nationaux du même acabit, ne laisse rien présager de bon... Hélas, la lecture de Repose-toi sur moi confirme en partie cette inquiétude : Serge Joncour cède ici à la facilité d'un roman bluette.

L'histoire d'un adultère entre Aurore, femme mariée, modeuse styliste au bord de la banqueroute, parisienne assumant le total look - appartement dans le Marais, mari américain requin de la finance, baby-sitter au nom exotique, petites adresses personnelles dans la capitale -, et Ludovic, son contraire : un provincial monté à Paris pour fuir, et la mort de son épouse, et la famille, et la ferme, une armoire à glace au coeur gros comme ça, taciturne, bourru, câlin, protecteur. Il travaille pour une agence de recouvrement de dettes. Moins glamour, tu meurs... Il est placide, ''homme généreux (...), fauve malchanceux" (p.355). Elle, souris des villes, elle s'épuise à ''lutter contre le bruit'' (p.68).

Deux corbeaux croassant dans la cour de leur immeuble - elle, escalier A, côté noble, lui escalier C, plus popu/miteux/ranci par le temps - les rapprochent : elle en a peur, il lui en fait un bouquet de plumes. De là, les deux âmes se rapprochent, s'acoquinent, deviennent complices... Jusque dans le crime. Car Aurore doit affronter son associé et un grand groupe prêts à couler son entreprise pour de plus lucratifs horizons.

Serge Joncour sait fort heureusement raconter, construire un récit, écrire aussi, un style qui n'a pas peur de la redondance, creuser des caractères, tirer à la ligne mais de façon efficace. Il manque seulement ici l'humour des précédents romans, un propos social plus profond aussi, ici réduit à l'opposition Paris/Province à travers l'amourette tissée entre une Belle et sa Bête, et à une critique rapide de l'hydre ultralibérale.

Le roman se lit vite, non sans plaisir mais sans enthousiasme pour autant. Un roman à préférer certes à ceux des collègues et compatriotes sus-mentionnés, que l'on imagine adapté à l'écran, avec, dans les rôles titres, Elsa Zylberstein et Eric Cantonna par exemple. Pour amateurs du genre donc.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 02/09/2016 )
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