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La Terre est si lumineuse - Chagall et la céramique
de Sandra Benadretti Pellard , Bruno Gaudichon et Collectif
Gallimard 2007 /  35 €- 229.25  ffr. / 183 pages
ISBN : 978-2-07-078506-3
FORMAT : 23,5cm x 29,5cm

Catalogue d’une exposition présentée du 30 juin au 30 septembre 2007 au Musée de Vallauris, du 20 octobre au 20 janvier 2008 à La Piscine de Roubaix, du 16 février au 25 mai 2008 au Musée d’art moderne de Céret.

L'auteur du compte rendu : Béatrice Brengues a une formation d'historienne de l'art, elle s'intéresse aux arts décoratifs du XXe siècle et poursuit des recherches sur le sculpteur Joachim Costa. Elle travaille parallèlement à Drouot chez un commissaire priseur.


L’Ecole de Paris en Provence

Après de nombreuses expositions et publications thématiques au cours des dernières années, la céramique d’artiste est devenue un champ à part entière de l’art moderne. En effet, nombreux ont été les peintres à l’explorer. Si pour la plupart d’entre eux, elle est une source de renouvellement, pour Marc Chagall (1887-1985), elle est avant tout une confirmation de sa quête artistique. Dans cet ouvrage consacré à son œuvre céramique, on retrouve son univers onirique peuplé d’amoureux, de musiciens et d’animaux.

Empruntant au fauvisme et au cubisme, l’œuvre de Chagall est d’une grande homogénéité, bien que sa carrière et sa vie n’aient rien de linéaire, toujours contraintes à l’exil. Son talent est multiple et si ses thèmes de prédilections ne changent pas, il va à la découverte de nouvelles techniques à chaque période. En Russie, il pratique la scénographie et le décor de théâtre, à Paris il participe à des projets d’illustrations pour l’édition et excelle dans la maîtrise de l’estampe, en Provence, enfin, il s’initie aux arts du feu. En 1949, à 62 ans, Chagall rentre en France depuis New York où il avait trouvé refuge pendant la guerre. Comme Picasso, Matisse et tant d’autres, il choisit le Midi, d’abord Antibes puis Vence. La céramique est alors en plein renouveau, le village de potiers de Vallauris renoue avec une production intense et créative impulsée par de jeunes ateliers fraîchement installés. Picasso prend ses quartiers à l’atelier Madoura de Vallauris où il crée plus de 4000 pièces dont une grosse partie est éditée. Chagall, lui, travaille à l’atelier des Remparts à Antibes pour réaliser de 1949 à 1972 environ 220 pièces, exclusivement des pièces uniques.

C’est donc une production réduite mais où chaque pièce est parfaitement aboutie. Il réalise des plaques et des plats décorés de compositions dérivées de ses tableaux notamment une série sur la Bible ou sur les Fables de La Fontaine dont il fut un lecteur inspiré. Il peint également sur des pièces de formes (pichets, vases…) qui vont le mener peu à peu vers des objets purement sculpturaux. De la céramique, Marc Chagall comprend très vite sa dimension sacrée et exploite le sens tragique de la cuisson des terres dont il invoque l’inspiration spirituelle. Ainsi le moindre défaut révélé par le feu revêt pour Chagall un signe divin qui dirige son art.

Le catalogue s’appuie sur un travail de Sylvie Forestier et Meret Meyer publié en 1991 (Chagall et la Céramique, Albin Michel), ouvrage de référence aujourd’hui épuisé qui répertorie l’ensemble de sa création céramique. Moins complet mais néanmoins fort documenté, ce livre a une présentation très vivante où les céramiques sont mises en relation avec des photos d’époque et des poèmes de l’artiste, et sont classées en 8 grands thèmes : Les Fables, La Bible, Les Amoureux, Les Nus, Le Cirque, La Ville, Fleurs et femme, Bestiaire. Au fil des pages, on découvre comment la figure charismatique de l’École de Paris a réinterprété son œuvre dans la terre provençale.

Béatrice Brengues
( Mis en ligne le 09/05/2008 )
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