L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

Que tous nous veuille absoudre
de Stéphanie Janicot
J'ai lu 2014 /  7,10 €- 46.51  ffr. / 251 pages
ISBN : 978-2-290-03191-9
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en août 2010 (Albin Michel)

Rédimons-nous

Place de la Contrescarpe à Paris : un enfant surgit et quotidiennement se met à déclamer des propos apocalyptiques, dénonçant la chute de notre civilisation corrompue et prophétisant la fin du monde, que l’humanité précipite tous les jours davantage. Les passants s’arrêtent, aux terrasses des cafés, on écoute, et dans les immeubles qui entourent la place, on ouvre ses fenêtres pour entendre vraiment.

La violence du discours renvoie chacun à sa propre vie, faisant germer ou se développer une culpabilité souvent douloureuse. Sur cette place du cinquième arrondissement vit une famille-tribu aux allures modernes : une journaliste de guerre à la jeune trentaine, Sahar, qu’un attentat a quasiment privée de l’usage de ses jambes alors qu’il a tué son compagnon, Solel. Elle est entourée par toute la famille de Solel : son ex-femme, Catherine, pharmacienne qui paraît solide comme un roc, et son fils, Samuel, ainsi que Julie, la fille que Catherine a eue avec son deuxième mari, professeur de philosophie à la retraite.

Diminuée par la vie, Sahar est la spectatrice de la petite vie de la place et de l’enfant qui vient tous les jours, elle le guette et finit par l’attendre, tant ses propos, s’ils la choquent, la questionnent sur sa propre vie, elle qui n‘a vécu que pour son métier et son compagnon, tous les deux disparus. Elle n‘est pas la seule à l’espérer ; il ne laisse personne indifférent, bousculant les certitudes de ceux qui l’écoutent. Pour Sahar comme pour nombre de personnages de Stéphanie Janicot, c’est le temps de l’apprentissage, même s’il vient parfois bien tard : il faut trouver ou redonner un sens à sa vie, une place dans la société, envisager son destin et accepter de s’accomplir par les autres.

Le célèbre vers de François Villon dans la Ballade des pendus, qui donne son titre au roman, éclaire d’une certaine manière le ton de ce livre : si le mal est dans chaque individu, on ne peut espérer d’absolution et de rédemption que de ses frères humains.

Amélie Bruneau
( Mis en ligne le 14/05/2014 )
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