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Pocheset Littérature  

Tout un été sans Facebook
de Romain Puértolas
Le Livre de Poche 2019 /  8,20 €- 53.71  ffr. / 448 pages
ISBN : 978-2-253-90657-5
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en mai 2017 (Le Dilettante)

Zone blanche

Bienvenue à New-York, Colorado, 150 habitants, 198 ronds-points. Plus de Facebook après cette ligne. Tout est dit sur le panneau d’accueil des éventuels et rares touristes. Le charme de cette petite ville vient de l’absence totale de réseau qui empêche ses habitants d’accéder à Internet, et le téléphone portable est à proscrire.

Après l’extraordinaire voyage d'un fakir, une petite fille et son nuage, et le road-movie de Napoléon transformé en Findus, on attendait avec impatience la nouvelle aventure concoctée par Romain Puértolas. On ne sera pas déçu.

Agatha Crispies (toute ressemblance... est voulue par l’auteur) est lieutenant de police à New-York, Colorado, une ville dans laquelle il ne se passe... absolument rien. L’activité principale du chef du commissariat est la pêche à la ligne, les standardistes tuent le temps avec le tricot, les fléchettes et le club de lecture créé par Agatha.

Une série de crimes a pourtant lieu dans la ville voisine. Agatha enquête et travaille avec le shérif Mac Donald qui, malgré l’été caniculaire, porte toujours son imperméable. La première victime ressemble à un steak haché dans sa baignoire, lardé de 150 coups d’aiguilles à tricoter. La seconde victime est achevée par des fléchettes. Et ainsi de suite... jusqu'à un suicide opportun ! «Agatha était une jeune femme de 35 ans qui en imposait quand elle entrait quelque part. Par son ampleur car elle n’était que formes et ne laissait que peu de place autour d’elle. Des seins et un postérieur aussi démesurés que les promesses d’un candidat à la présidence. Par la couleur de sa peau, ensuite, d’un noir de jais, exotique dans ce coin de l’Amérique profonde. (…) Par son look enfin. Pour résumer, Agatha Crispies, c’était Whitney Houston, après un régime cassoulet et un relooking extrême par Bananarama».

Elle est le personnage le plus farfelu et extravagant de cette parodie de polar (un ''poilar''), mais les autres personnages sont eux aussi hauts en couleur. On fait la connaissance d’un irrésistible bûcheron qui se lance dans l’écriture d’un western-développement personnel, un légiste aux capacités impressionnantes d’analyse, une femme de ménage mexicaine qui n’arrive pas à lire Autant en emporte le vent» en une soirée, un Français (ou un Belge ou un Suisse) qui écrit la vraie vérité sur l’affaire Québert, et d’autres habitants qui feront des suspects parfaits tout au long de l’enquête.

Comme dans ses romans précédents, Puértolas arrive à délivrer des messages, notamment sur la tolérance et l’absurdité du racisme. Ce récit est avant tout une apologie de la lecture et en ce sens il est absolument brillant et bluffant. Par sa multitude de références, d’anecdotes, de clins d’œil et de réflexions, il séduira tout amoureux des livres.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 08/03/2019 )
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