L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

Chanson douce
de Leïla Slimani
Gallimard - Folio 2018 /  7,25 €- 47.49  ffr. / 244 pages
ISBN : 978-2-07-276492-9
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en août 2016 (Gallimard - Blanche)

Prix Goncourt 2016


Mélancolie délirante

Leïla Slimani n'a pas volé son Goncourt avec ce roman juste et dérangeant, la radioscopie d'une famille de bobos parisiens anéantie de l'intérieur, la faute aux parents, la faute... à Louise.

Tout débute par la fin et l’assassinat sauvage des deux enfants, Adam et Mila, par la nounou. Leïla Slimani déroule ensuite les coulisses du drame, les semaines et les mois précédant la tragédie. Elle suit les parents, Myriam et Paul, jeune couple devenu couple actif, puis couple de parents débordés qui trouvent en Louise... la perle rare. Blondeur rassurante et col Claudine, fée du logis, une maman bis que les enfants adorent. Myriam revit et peut avancer dans sa carrière d'avocate. Paul, lui, badine dans le milieu de la production musicale.

Mais petit à petit, les craquelures surgissent, l'antimatière à ce conte social entame sa croissance par mitoses successives, les fatigues qui se creusent, les malentendus qui vont crescendo. La petite famille part tout ensemble en vacances un été, dans les îles grecques, Louise est adoptée par la famille. Sauf que Louise n'est pas du même milieu, les chapitres le racontent : la fille fugueuse, le mari disparu, les dettes accumulées, les fantômes intérieurs - ce que son médecin de l'hôpital Henri-Mondor appelle ''mélancolie délirante'', poésie morbide parfaitement illustrée par cette carcasse de poulet, laissée, rutilante, sur la table de la cuisine par Louise, après que Myriam a moqué avec mépris la souci de sa nounou pour un poulet tout juste périmé. Myriam partie travailler, Louise a fait dévorer le poulet faisandé par les enfants. Premier viol de l'innocence. Puis, le drame.

Le roman n'est pas le récit d'un enquête, plutôt la confection d'un tissu social dont le meurtre, symboliquement, dit la saleté. Louise est-elle la seule coupable ?...

Thomas Roman
( Mis en ligne le 18/06/2018 )
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