Poches
Policier & suspense de Thomas-H. Cook
Gallimard - Folio policier 2011 / 6.80 €- 44.54 ffr. / 331 pages
ISBN : 978-2-07-044119-8
FORMAT : 11cm x 18 cm
Première publication française en novembre 2009 (Gallimard - Série noire)
Traduction de Clément Baude
le tempo de l'angoisse
La construction de ce remarquable thriller est inhabituelle ; pas d’adrénaline installée au départ, pas de montée en puissance d’effets spéciaux, mais une lente angoisse qui s’installe progressivement.
L’histoire commence de façon presque banale, avec la mort accidentelle d’un jeune garçon. Peu à peu, des questions surgissent qui finissent par générer cette angoisse présente jusqu’à la fin. Interrogations sur le nombre de meurtres d’abord, on les découvre ou on croit les découvrir au fil des pages, interrogations sur la maladie (une schizophrénie paranoïaque) et ses possibles ravages sur les uns et les autres, interrogations sur les menaces qui planent sur certains personnages, pas forcément les mêmes…
L’angoisse est renforcée par la structure même des chapitres. L’auteur alterne un chapitre dans lequel il raconte les faits et un autre dans lequel il est interrogé par un officier de police. Dans l’un il parle à la première personne et dans l’autre il s’adresse à lui-même à la deuxième personne, créant ainsi un décalage avec la réalité. Décalage détruit de façon surprenante parce que les chapitres s’emboîtent parfaitement avec une reprise des mêmes mots ou des mêmes faits ; on oscille donc en permanence entre le présent du récit et le futur de l’interrogatoire.
Parallèlement à l’intrigue policière, la maladie déroule ses effets dévastateurs qu’on découvre grâce aux flashbacks de David, le narrateur. L’inquiétude de David se mélange à de jolies réflexions lucides sur la vie, le mal-être, l’impuissance ou la difficulté à changer le cours des choses, réflexions brillamment illustrées par Thomas H.Cook et sa grande connaissance de la poésie.
Tout roman a une fin, mais celle des Liens du sang n’en est pas vraiment une et un possible existe, qu’il nous reste à envisager…
Dany Venayre
( Mis en ligne le 25/07/2011 )
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