L'actualité du livre
Pocheset Science-fiction  

Serpentine
de Mélanie Fazi
Gallimard - Folio SF 2010 /  7.10 €- 46.51  ffr. / 308 pages
ISBN : 978-2-07-039892-8
FORMAT : 11cm x 18cm

Préface de Michel Pagel

De bons présages…

Un tatoueur aux encres mystérieuses et sympathiques (au sens étymologique du terme), un fantôme de clochard en quête d’existence, des divinités grecques qui perpétuent de vieux conflits mythologiques à travers le temps (Malpertuis ?), une très étrange pyromane et même un esprit de la pluie piégé dans une maison de vacances… Il y a des choses étranges, des créatures bizarres, des péripéties inattendues dans le beau recueil de Mélanie Fazi, jeune et talentueuse auteur de fantastique français…

Une plume vive, subtile et empathique, au service d’un fantastique discret, insinuant. Chaque nouvelle explore un état d’âme, donne la parole à un personnage ou à plusieurs – y compris des personnages très inhabituels – pour entraîner le lecteur dans un quotidien qui vacille, puis bascule dans l’étrange. Rien de brutal ni de violent, plutôt l’expression d’une tradition fantastique qui, du Horla de Maupassant à quelques belles nouvelles de Stephen King, modifie lentement la réalité jusqu’à la tordre. Mais la touche de Mélanie Fazi, c’est l’art de l’allusion, de la légèreté, c’est mener tranquillement le lecteur jusqu’au constat que le surnaturel est là, bien là, et le laisser imaginer le paroxysme. On retrouve dans ces textes quelques hommages discrets à la littérature fantastique contemporaine, et de belles variations sur le mythe du vampire, du revenant ou encore la camarde, assise sur le bord de l’autoroute.

Le fantastique de Mélanie Fazi est un fantastique quotidien, et, pour reprendre une appellation anglo-saxonne, urbain : il y a du Neil Gayman, dans cette série de nouvelles très stylées, où le surnaturel, le bizarre affleurent sans jamais vraiment se déployer, comme une force insidieuse qui corrompt la tranquillité de l’heure. On pense donc à Gayman, mais plus sûrement, Mélanie Fazi fait songer à Jean Ray, un peu oublié et pourtant un véritable artiste de la nouvelle fantastique, qui, bien avant l’heure, exploitait les brumes de sa Belgique natale pour en tirer des contes aux allures de gothique flamand.

Bref de bons, d’excellents augures pour un (trop) petit recueil, qui donne envie d’en lire plus. Du grand art, salué dès la préface par Michel Pagel, prophétique !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 02/04/2010 )
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