Bande dessinée
Autre de Igort
Vertige Graphic - Coconino Press - Ignatz 2005 / 9 €- 58.95 ffr. / 32 pages
ISBN : 2-84999-002-7
FORMAT : 21,5 x 29 cm
United Colors of…
La sympathique et audacieuse collection Ignatz s’enrichit aujourd’hui d’un album de son propre directeur en chef, Igort. On n’est jamais mieux servi que par soi-même et lorsqu’il s’agit de livrer un volume aussi réussi, on aurait en effet tort de se gêner.
Ce premier (trop court) volume de Baobab installe les décors et personnages de ce qui semble s’orienter vers un grand récit à entrées multiples et aux ramifications nombreuses et variées. Du Japon à l’Amérique du Sud en passant par l’Afrique, cette histoire qui emprunte ses ressorts narratifs autant au conte traditionnel qu’à l’autobiographie ou la fantaisie la plus décalée, semble vouloir éviter avant tout la monotonie du récit linéaire. Les personnages sont nombreux, les points de vue changent sans arrêt, tout comme le style graphique qui n’hésite pas à emprunter quelques chemins de traverse à divers moments. On reste au départ quelque peu égaré, comprenant finalement assez vite que toute la force de ce début d’aventure vient de cette étonnante variété. Comme le personnage de Celestino croisé au milieu de l’ouvrage, Igort porte en lui « la fièvre du récit », il a des choses à raconter, beaucoup de choses, et qu’importe si cela semble décousu, l’important est de mettre sur papier ces suites d’images, s’en débarrasser, pour passer à autre chose, à un autre personnage, une autre histoire.
La bichromie, dont Igort s’était déjà fait le spécialiste dans des albums comme 5 est le numéro parfait, est ici encore parfaitement maîtrisée et soutient impeccablement le trait à la fois filiforme et expressif du dessinateur. Le découpage dynamique et qui refuse tout carcan trop serré apporte de plus un rythme enlevé, évoluant en harmonie avec les changements de ton et d’ambiance tout au long de l’album.
Un prologue à une œuvre que l’on imagine déjà comme un patchwork aux nombreux motifs qui s’opposeraient ou, à d’autres moments, offriraient quelques poétiques parallèles. À suivre impérativement donc, ne serait-ce que pour confirmer toutes ces attentes…
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 25/08/2005 )
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