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Bande dessinéeet Manga  

Food wars (tome 2)
de Yûto Tsukuda et Shun Saeki
Editions Tonkam 2014 /  6.99 €- 45.78  ffr. / 224 pages
ISBN : 978-2-7560-6186-3
FORMAT : 11,2x17,6 cm

Les prolétaires dans la cuisine

Sôma est finalement entré à la prestigieuse académie Totsuki. Il veut y devenir le meilleur mais la concurrence s’annonce dure car l’école est remplie d’héritiers de riches et célèbres chefs cuisiniers. Ils ont tous une grande expérience de la gastronomie et des portefeuilles qui leur ouvrent toutes les portes des garde-manger... Sôma, désavantagé par ses origines modestes, a droit à une chambre au dortoir de l’étoile polaire. C’est un pavillon délabré occupé par un petit groupe d’étudiants excentriques avec une responsable de dortoir qui se surnomme elle-même “la sorcière de l’étoile du Nord”. Seule Mégumi, la malheureuse camarade de classe de Sôma, a l’air normal. Ces joyeux compagnons de dortoir organisent une fête de bienvenue qui est, pour le héros, l’occasion d’en apprendre davantage sur les règles de l’académie Totsuki. Satoshi n’est pas n’importe qui : il explique à Sôma comment les litiges sont réglés par des duels de chefs. Le héros, toujours aussi sûr de lui, va vite expérimenter cela, grâce au club de Donburi.

Ce deuxième tome permet de poser les règles d’affrontement qui vont sans doute rythmer cette série. Ici, ce n’est pas les arts martiaux qui font loi, mais la gastronomie. La problématique qui revient régulièrement est l’origine sociale. Si dans le film d’animation Ratatouille, le héros devait démontrer que tout le monde pouvait cuisiner de bons plats même les rats, dans Food Wars, Sôma cherche sans arrêt à valoriser le savoir-faire du cuistot pour prouver que la bonne nourriture n’est pas réservée à une élite. Ceci est particulièrement mis en lumière dans ce tome grâce au premier duel dont le but est la réalisation d’un Donburi : un plat traditionnel japonais composé de riz et d’une garniture. C’est un plat méprisé par Erina et son sous-fifre qui pensent qu’une viande de qualité supérieure l’emportera toujours à la fin. On se retrouve avec une présentation de la classification japonaise des qualités de viande. Le lecteur français ne s’y perdra pas : les explications sont claires.

Ce manga respecte presque scrupuleusement les règles du “nekketsu” (genre de manga destiné aux jeunes garçons, où le héros suit une quête initiatique qui l’amène à se dépasser) : Sôma souhaite égaler son père et pour cela, il doit gagner de l’expérience en affrontant des rivaux et en trouvant des alliés). Ici, le personnage principal est moins naïf que d’habitude. On peut même dire qu’il est très arrogant pour un manga de ce genre mais sa façon de trouver
la réussite évidente le relie à cette tradition. Il désarçonne ses camarades par sa foi en sa vision de la gastronomie. Le respect des codes du “nekketsu” nous permet d’anticiper la suite de l’aventure : le conseil des dix maîtres de l’académie Totsuki va constituer le réservoir d’adversaire. L’allusion (signalée aux lecteurs par une note du traduteur) à Ashita no Jo, célèbre série où un pauvre garçon devient champion de boxe, finit de démontrer le projet des auteurs de faire un manga valorisant la persévérance et le dépassement de soi.

Delphine Ya-Chee-Chan
( Mis en ligne le 06/01/2015 )
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