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Bande dessinéeet Manga  

Step up love story (vol. 5)
de Katsu Aki
Pika éditions 2004 /  7,90 €- 51.75  ffr. / 175 pages
ISBN : 2-84599-369-2
FORMAT : 13x18 cm

Tant qu’il y aura des garces…

La terrible routine du quotidien s’abat sur Makoto et Yura, qui éprouvent bien des difficultés à avoir du plaisir ensemble. Face à ce désir émoussé, Makoto tente d’audacieuses entreprises d’approches, parfois scabreuses, pour pimenter de nouveau une vie de couple étriquée. Mais une effroyable nouvelle tombe : le jeune homme doit quitter pour la première fois sa compagne deux semaines entières pour raisons professionnelles…

Toujours aussi drôle et richement pourvue en situations ridicules et autres interrogations burlesques – mais que tout un chacun s’est posé au moins une fois dans sa vie -, cette sympathique série pose un regard lucide et dédramatisé sur l’érosion des sentiments, victimes de l’inéluctable travail de sape du temps qui passe. La séparation (vécue comme un psychodrame par notre petit couple) se montre alors paradoxalement salvatrice : elle seule fait prendre conscience à Makoto et Yura de la profondeur de leur amour, lui conférant une dimension insoupçonnée. Il faut ainsi parfois être loin de l’être aimé pour en ressentir cruellement le manque, la distance ne faisant qu’accentuer des sentiments que l’on croyait définitivement sacrifiés sur l’autel du quotidien. Cette analyse sur l’étroite intrication entre plaisir et désir s’attache en particulier au lien invisible qui unit deux êtres, dépeignant avec beaucoup de justesse ce qu’est la difficulté d’aimer.

Mais se profile en filigrane une autre menace, inhérente à cet éloignement géographique : l’adultère. Makoto flirtera dangereusement avec cette tentation, sans jamais y succomber. Le manga présente ainsi de façon plutôt étonnante une vision moralisatrice de l’amour, où la fidélité est érigée en condition sine qua non du mariage. Soulignons la richesse des personnages, tous aussi exubérants les uns que les autres. De la gynécologue encore vierge qui prodigue des conseils avisés - plus que théoriques - à la collègue de travail nymphomane au dernier degré, en passant par l’obsédé sexuel qui collectionne les « copines de baise », cette galerie haute en couleur, soutenue par des dialogues au sommet, se révèle d’une drôlerie étonnante.

Sans oublier de parler de ce pour quoi la série a été réalisée, à savoir le sexe. En prime d’un mini-kamasutra qui vous fera basculer dans les hautes sphères de la technicité amoureuse, Aki vous propose un étrange cours sur la masturbation féminine, où l’on apprend notamment que 25% des femmes ressentent de la tristesse après s’être adonnées à l’onanisme. Instructif, n’est-ce pas ?

Océane Brunet
( Mis en ligne le 04/12/2004 )
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