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Bande dessinéeet Manga  

MPD Psycho (vol. 5)
de Sho-U Tajima et Eiji Otsuka
Pika éditions 2004 /  7.90 €- 51.75  ffr. / 181 pages
ISBN : 2-84599-386-2
FORMAT : 13x18 cm

Tueurs nés

Deux profilers –le japonais Sasayama et l’américain Michel Partner- décident d’affronter leurs talents en direct à la télévision japonaise. L’enjeu : résoudre une série de crimes commise il y a dix ans dans une obscure banlieue de Tokyo. Mais ce qui devait être une émission de divertissement racoleuse tourne brutalement au jeu de massacre trash lorsque les « Lucy-7 », bande de gamins recrutés sur le Net via un titre de Lucy Monostone et élevés en machines à tuer, s’invitent sur le plateau. Faciles à reconnaître -chacun d’entre possède un code barre gravé sur la cornée de leur œil gauche- leur cruauté n’a d’égal que leur naïveté. Le groupe isole ainsi insidieusement les membres de l’équipe télé pour les éliminer un à un. Mais Partner n’a pas dit son dernier mot : issu de l’ancienne génération de psychopathes (code)barrés et couvert par son statut de membre du FBI, il se montre déterminé à écraser impitoyablement la bande de morveux schizoïdes. Une joute sanguinolente s’ensuit alors…

Avec ce cinquième tome, c’est une nouvelle escalade dans l’horreur qu’entament Tajima et Otsuka, qui accumulent sans complexe images gratuites de corps mutilés et scènes de torture à la violence rageuse. Soutenu par un trait incisif (dans tous les sens du terme…), les illustrations se montrent ainsi très frappantes et d’un esthétisme crade rarement égalé. La série se veut donc une exploration outrancière de la fascinante question du trouble de personnalité multiple, offrant un nombre indécent de schizophrènes au mètre carré (un pour cent de la population, tout de même, qui se sont tous donnés rendez-vous dans ce volume).

Hélas, les intrigues se révèlent souvent tirées par les cheveux et totalement dégueulasses, desservies par un scénario bien complexe et paradoxalement vide. Noyé par un vent de folie improbable qui plonge l’opus dans la confusion la plus déconcertante, l’histoire, nihiliste à l’envi, tend vers un grand-n’importe-quoi ébouriffant. On n’arrive pourtant pas à renvoyer définitivement la série à une farce d’adolescents néo-bêtasse, et ce malgré une imagerie gothique lourd-dingue et un discours no future terriblement consensuel. Car il y a quelque chose relevant du génie dans ce manga atypique, indescriptible mais indéniable : MPD psycho se démarque avant tout par son originalité crue et sa vision noire d’un monde chaotique constamment au bord de la brèche. Terriblement décadent !

Océane Brunet
( Mis en ligne le 05/03/2005 )
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