L'actualité du livre
Bande dessinéeet Manga  

Zipang (vol. 7)
de Kaiji Kawagushi
Dargaud/Kana - Big kana 2006 /  7,35 €- 48.14  ffr. / 210 pages
ISBN : 2-87129-914-5
FORMAT : 13x18,5 cm

Quand le Mandchou rie, le Japonais pleure

Le lieutenant Tsuda est sollicité par le mystérieux Kusaka, qui souhaite le voir partir pour l’Allemagne afin d’y assassiner Hitler. Cet attentat réaliserait le rêve de l’officier, à savoir éviter les deux bombes atomiques lancées en 1945 sur Hiroshima et Nagasaki. Il décide d’ailleurs - plus décidé que jamais à changer le cours de l’Histoire - de s’offrir un séjour en Mandchourie pour influer sur les événements et les orienter vers un règlement pacifique de la Seconde Guerre mondiale. Pendant ce temps, le Miraï poursuit son incroyable épopée à travers le temps. Le ministre de la Marine Yonaï en personne monte à son bord pour souhaiter la bienvenue à son équipage.

Mêlant avec adresse des genres aussi divers que la science-fiction, le manga de guerre et la docu-fiction, la série est de plus en plus palpitante. Elle retrace l’extravagante situation d’un navire japonais qui aurait remonté le passé de soixante ans pour se retrouver totalement apatride en pleine Guerre du Pacifique. Coincés entre un Japon en guerre peu accueillant –voire méfiant- et des États-Unis prêts à tirer sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à un vaisseau nippon, ces hommes du futur se retrouvent dans un isolement total.

Par les méandres de ce scénario complexe mais captivant, l’équipage du Miraï se trouve exclu de la réalité et court un grand danger, conséquence directe de son interaction avec l’Histoire. En effet, que ce soit contre leur gré ou non, la présence de ces hommes du XXIe siècle en 1942 ne peut qu’influencer le cours de événements à venir. Jusqu’à menacer leur vie dans le futur : ainsi le père de Yôsuke Kadomatsu, le capitaine en second, vient de mourir à l’âge de huit ans…

Ce nouveau tome a de plus l’originalité de présenter une thèse fataliste plutôt troublante. L’un des personnages affirme ainsi sans ambages que c’est parce que le Japon a perdu la guerre de façon calamiteuse en 1945 qu’il a pu se ressaisir et partir sur des bases « saines ». Le dynamisme d’une nation, à en croire ce protagoniste, serait tributaire du malheur qu’elle a connu… Ceci expliquerait l’envolée économique connue par le pays par la suite, tonifié par ce terrible revers. « Ce qui ne me tue point me rend plus fort » aurait été l’apophtegme de ce peuple une fois la capitulation déclarée. Idée aussi saugrenue qu’intéressante qui n’aurait pas pu naître ailleurs que dans l’esprit d’un Japonais ...

Océane Brunet
( Mis en ligne le 06/05/2006 )
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