Bande dessinée
Manga de Tomo Taketomi
Dargaud/Kana - Made in 2007 / 10,00 €- 65.5 ffr. / 164 pages
ISBN : 978-2-505-00076-1
FORMAT : 15x21 cm
Je t’aime, moi non plus
Harumi quitte le foyer familial pour s’installer avec le frère de sa belle-mère, qu’elle connaît pourtant à peine. Le couple vit en autarcie dans le petit appartement du jeune homme, tuant le temps en faisant l’amour, jouant aux jeux vidéo ou rêvassant l’un contre l’autre.
Suite et fin d’une succession de tableaux concis et déroutants amorcée dans A scène, ce second volet relate au travers d’histoires très courtes un quotidien souvent sombre, avec pour trame commune la quête de plaisir – non sans quelques perversions pour pimenter le tout- comme médication à la morosité ambiante.
De cette recherche naissent des rencontres incongrues, donc touchantes, entre des êtres qui éprouvent paradoxalement la plus grande difficulté à entrer en relation. Et ces histoires d’amour d’avorter, malgré la ferveur des sentiments qui anime les amants…
Tout le talent de Tomo Taketomi réside dans son acharnement à retranscrire la véhémence rare qui habite ses personnages, conséquence d’une incompréhension chronique entre chacun d’entre eux. Les coups s’échangent entre deux baisers, les câlins engendrent les pires ecchymoses : cette poésie des corps qui s’affrontent, se mêlent pour se déchirer l’instant d’après, réalise des atmosphères intimistes et curieusement pudiques, porteuses de non-dits opaques. Le sexe, brut et sans ambages, les relations familiales, complexes et tendues, font le lit d’une violence sourde qui hante des personnages fragiles en recherche d’amour et de sensations fortes pour échapper au pesant carcan de l’émoussement affectif et de la monotonie quotidienne.
Porté par un style agréablement sulfureux et une narration élégante, le manga émeut immanquablement, en particulier grâce à l’expressivité étonnante des visages de Taketomi. Mention spéciale pour la dernière esquisse, tout simplement bouleversante.
Océane Brunet
( Mis en ligne le 09/04/2007 )
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