L'actualité du livre
Bande dessinéeet Manga  

Go! Go! Heaven! (vol.1)
de Shinji Obara et Yuko Umino
Dargaud/Kana - Big kana 2007 /  7,35 €- 48.14  ffr. / 190 pages
ISBN : 978-2-505-00090-7
FORMAT : 13x18 cm

Mourir sur scène

Julia, Michaelle, Himiko et Aya sont quatre adolescentes réunies par un seul désir : mourir. Mais ces jeunes suicidaires ne veulent pas d’une fin terne et sans panache. Pour exaucer leur rêve de mort grandiloquente, elles montent donc un groupe de rock avec le projet secret de mettre fin à leurs jours à la fin de l’un de leurs concerts.

Au travers d’une fascination à la fois morbide et amusante pour le suicide, la série banalise un sujet pourtant très sérieux et se révèle à double tranchant : certes, le discours tenu pourra peut-être exorciser le mal-être de certains adolescents qui trouveront un écho et une visibilité pour leur grande lassitude de la vie dans ce premier tome, mais l’œuvre pourrait aussi leur souffler des idées aussi percutantes que romantiques sur la meilleure façon d’en finir. La sortie du manga est d’ailleurs ironiquement rattrapée par l’actualité, avec le double suicide récent de deux adolescentes en Corse…
On peine d’ailleurs à suivre les héroïnes qui ne parlent que de se donner la mort sans jamais passer à l’acte, mystérieusement sauvées in extremis par de faux prétextes à chaque tentative. Dommage donc que l’idée de départ s’essouffle si rapidement : un peu de psychologie de bazar, beaucoup de névrose et un grand bol de divagations dépresso-merdiques, voilà le cocktail écoeurant que nous sert Obara et Umino.
Même la réflexion amorcée sur la curiosité morbide qui anime chacun d’entre nous et pourrait nous pousser à aller assister à une mise à mort comme l’on va au théâtre tombe à l’eau, étouffée par des considérations puériles. Car cette dénonciation du voyeurisme des autres semble un peu facile et déplacée de la part d’adolescentes qui s’exhibent sans pudeur. Leur idéal est ainsi beaucoup moins glorieux qu’il n’y paraît, et cette quête de célébrité à tout prix trahit un égocentrisme abyssal. Ces jouvencelles vaniteuses et borderline qui théorisent sur la mort sont au fond de simples fashion victimes assez inintéressantes et fondamentalement inféodées à ce monde de désirs et d’hypocrisie. Bref, un manga qui agace, à défaut de plaire.

Océane Brunet
( Mis en ligne le 08/06/2007 )
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