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Bande dessinéeet Manga  

Black Jack (vol.0)
de Osamu Tezuka
Asuka - Deluxe 2007 /  12,95 €- 84.82  ffr. / 248 pages
ISBN : 978-2-84965-227-5
FORMAT : 14x20 cm

Quoi de neuf, Docteur ?

Black Jack est un chirurgien marron. C’est-à-dire qu’il exerce illégalement la médecine et n’hésite pas à demander des honoraires exorbitants à ceux qui veulent bénéficier de son talent chirurgical. Sa pratique le confronte à toute la misère de l’humanité -un frère cruel qui bat sa sœur, des clandestins prêts à mourir plutôt que de retourner dans leur pays-, mais le chirurgien se montre souvent froid et misanthrope.

Asuka propose une édition de luxe pour cet indémodable grand classique que l’on retrouve intégralement en couleur. C’est avec un immense plaisir que l’on redécouvre les fables de ce conteur de génie qu’est Tezuka, tour à tour drôle, poignantes ou désespérées. La vision noire qu’elles portent sur l’humanité, cruelle et vile, offre un tableau moqueur des travers de l’Homme, de ses peurs et de ses désirs. Trempés dans une dérision noire, les épisodes, rondement menés, dresse un portrait peu flatteur du milieu médical qui, même s’il est un dépassé, tombe plutôt juste : des vieux mandarins tyranniques aux praticiens cupides, en passant par l’écrasante hiérarchie hospitalière, rien n’est épargner à cette corporation qui était alors toute-puissante. Les libertés que prend l’auteur avec la vérité scientifique et médicale élèvent ces histoires au rang de parabole sur l’humanité, l’anecdote dissimulant toujours un discours plus profond à la morale souvent amère.
Avec son franc-parler décapant, Tezuka n’hésite pas non plus à faire des allusions politiques fortes, en s’inspirant notamment des dictatures Nord et Sud-coréennes dans l’un des épisodes de ce tome. Le maître malicieux se glisse aussi de temps à autre parmi les figurants de son récit, parfaitement reconnaissable avec son béret et ses petites lunettes rondes.
Les dénouements très sombres du manga sont toutefois contrebalancés par l’éloge de l’amitié que fait en permanence Tezuka, traitée dans une dimension romantique: cette fidélité indéfectible semble être à ses yeux le seul salut pour l’être humain.

Océane Brunet
( Mis en ligne le 26/01/2008 )
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