Bande dessinée
Manga de Kaiji Kawaguchi
Casterman - Sakka 2008 / 5,95 €- 38.97 ffr. / 235 pages
ISBN : 978-2-203-01311-7
FORMAT : 13x18 cm
La course à la présidence
Koryzeff, président du puissant Syndicat des Ouvriers du Métal Boeing, reconnaît publiquement lors d’un meeting avoir conclu des accords secrets avec le patronat douze ans auparavant, avant de donner sa démission.
Pendant ce temps, la campagne présidentielle bat son plein. Yamaoka, sénateur démocrate en lice, est menacé de mort par des extrémistes racistes qui ne supportent pas l’idée qu’un immigrant japonais de la troisième génération puisse accéder un jour au poste suprême de l’état. La famille du candidat est maintenant directement menacée.
Le génial auteur de Zipang nous montre encore une fois toute l’étendue de son talent avec cette passionnante saga d’une actualité brûlante. L’ambitieux projet de faire vivre au lecteur une course à la présidentielle américaine est à la hauteur des prétentions de Kawaguchi, qui nous fait vivre les coulisses d’une campagne palpitante dans laquelle la fin justifie tous les moyens. Manœuvres politiques en tous genres, stratégies de communication qui s’apparentent à du marketing et sondages d’intention de vote qui tombent comme des couperets alimentent habilement cette saisissante fresque.
Kawaguchi met en avant des personnages forts, tour à tour idéalistes, ambitieux, corrompus, manipulateurs ou assoiffés de pouvoir, dont la parfaite incarnation est le charismatique Yamaoka. Fin stratège, ce dernier ne recule devant rien pour remporter la bataille qu’il mène. Les scrupules sont ici réservés aux faibles, et un potentiel futur président des USA ne peut décidément pas se permettre le luxe de faire dans la dentelle. Sans état d’âme aucun, le candidat n’hésite ainsi pas à recourir à des méthodes extrêmes (assassinats, intimidation, complots) pour mener à bien l’âpre lutte dans laquelle il s’est engagé.
Soulignant au passage les forces et les faiblesses d’un pays en permanence en proie à ses vieux démons (racisme, puristanisme), Kawaguchi laisse planer un climat de paranoïa grandissante sur cette œuvre exceptionnelle, qui tient en haleine le lecteur de la première à la dernière page.
Océane Brunet
( Mis en ligne le 28/05/2008 )
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