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Bande dessinéeet Fantastique  

Redemption (tome 1) - Oiseau noir
de Christophe Bec et Paolo Mottura
Dupuis 2009 /  13.50 €- 88.43  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-8001-4389-7
FORMAT : 24x32 cm

Couleurs: Bérengère Marquebreucq

Twilight place

Chogan Tomkins a certainement rêvé d’une autre vie, parce que dans la sienne, il y a un meurtre, celui de sa femme, et un drame pas très clair… Sa tentation de Venise à lui, c’est une belle américaine, une autoroute comme la mythique 66, et quelque part, un jour, l’oubli. Mais voilà un accident oublié, un cadavre à enterrer, une belle auto-stoppeuse, un garagiste à débusquer, et une ville perdue dans le grand Ouest américain. Chogan vient d’atterrir à Redemption, la ville qui ne se laisse pas quitter comme ça. La population ? Bizarre : un juge échappé de chez Lewis Carroll, un ex-nazi discret, un kamikaze raté, un garagiste bougon… Tous coupables, tous criminels, tous coincés dans cet endroit perdu… Et Chogan aussi, désormais. Vous vous souvenez du Prisonnier ? En voici la version far-west, à la sauce Stephen King…

On se croirait dans un épisode de la mythique Quatrième Dimension (TheTwilight Zone) : même ambiance un peu barrée où seul le héros (et le lecteur) semblent se poser des questions évidentes du genre « qu’est ce que c’est que cette ville ? ». Et comme un bon épisode de la série de Rod Serling, cela marche à la perfection : on entre dans Redemption par la grande porte, on déambule, on y croise les personnalités locales (le shérif, le garagiste, le juge..) et, tranquillement, une impression d’étrangeté s’empare de vous, jusqu’à ce qu’enfin, le héros tente d’échapper à cette ville purgatoire… Qu’arrivera-t-il alors…?

Une chose est sûre : Christophe Bec sait faire des scénarios. Il tire dans tous les sens (Pandemonium, Carthago, Carême, Sanctuaire…), explore tous les territoires du fantastique mais rate peu sa cible. Avec cette nouvelle série, on touche au bizarre, comme un bel hommage à un certain fantastique américain. Une atmosphère étrange se dégage de cet album, prometteur, envoûtant, vaguement décalé… jusque dans le travail des couleurs de Bérengère Marquebreucq, dont il faut saluer ici le rappel constant aux diverses tonalités du sable et du désert. Au pinceau, Paolo Mottura retrouve la verve d’un Boucq pour des personnages tout en rondeurs, caricatures d’eux-mêmes, plus sinistres que drôles, tous perdus, ou damnés. Une mise en scène très cinématographique, qui ne se refuse pas quelques plans larges de l’ouest américain, et autres accidents. Une série qui s’impose immédiatement, et qui appelle vite une suite…

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 21/04/2009 )
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