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Bande dessinéeet Fantastique  

Dans la forêt
de Lionel Richerand
Soleil - Métamorphose 2013 /  17.95 €- 117.57  ffr. / 105 pages
ISBN : 978-2-302-02353-68
FORMAT : 20,6x28,3 cm

Couleurs : Pamela Poggiali, Stefania Aquaro, Giacomo Falorni

Anna au pays des crapauds

La très belle collection “Métamorphose”, s’enrichit avec Dans la forêt d’un album de référence. Le genre de livres qui rappellent des souvenirs de jeunesse, et qui se confrontent à l’univers des contes traditionnels pour en sortir, autant que possible, encore quelque chose de nouveau.

L’histoire commence dans une grande bâtisse, manoir anglais idéal perdu au milieu de la campagne, à l’orée de la sombre forêt. La jeune Anna y vit avec sa mère et regarde, de sa fenêtre, les mystérieux arbres alentour comme un territoire inconnu à la fois inquiétant et tentant. Très vite, la voilà amenée à passer le pas de la porte et s’engouffrer vers cette forêt profonde, comme appelée par une force énigmatique et guidée par une quantité de crapauds farceurs et bavards. Tout s’enchaîne ensuite très vite et la petite fille va vite comprendre qu’il y a ici plus que des arbres tortueux. Quantité de créatures épient, surveillent et attendent la venue d’Anna comme un événement prévu depuis longtemps...

On le comprend vite, le récit de Richerand est, comme tous les contes canoniques, une allégorie, celui du passage à l’âge adulte, de la perte de l’innocence. La forêt est ainsi ce lieu trouble que l’on craint de découvrir totalement, et qui révèle, au bout du compte une vérité qui peut effrayer, mais qui ne pourra pas pour autant être contestée. C’est l’appel de la nature, inévitable, contre lequel on ne peut lutter. Et la nature ici est imprévisible, à la fois belle et terrifiante, peuplée de créatures étranges.

Pour mettre en images cette histoire, Lionel Richerand se surpasse et offre une suite de planches magnifiques. Il y a ici un trait précis, méticuleux, ne fuyant jamais le travail mais au contraire peaufinant chaque case avec le même plaisir. L’ornementation est ici de rigueur : les feuilles, les branches, les ronces et racines forment des entrelacs épineux dans lesquels se perdre peut être dangereux. De plus, Richerand possède un goût sûr pour le monstrueux. Le récit est d’ailleurs complété par un bestiaire fantastique où des créatures incroyables se dévoilent.
Autour de ce trait déjà riche, la mise en couleurs effectuée par un trio d’artistes apportent le plus nécessaire, une ambiance noire tendance sépia, accentuant le côté vieux grimoire de l’ensemble.

C’est un conte de fées noir et gothique, à l’ambiance victorienne qui fait toujours mouche surtout lorsqu’elle est parfaitement mise en scène et illustrée comme sous les crayons et pinceaux de Lionel Richerand. Un très beau livre, sorte de conte horrifique pour grands enfants qui souhaitent retrouver les émotions d’autrefois, à la lecture de ces premiers récits légendaires qui façonnent un imaginaire universel.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 25/02/2013 )
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