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Bande dessinéeet Fantastique  

Ralph Azham (tome 5) - Le Pays des démons bleus
de Lewis Trondheim
Dupuis 2013 /  11.95 €- 78.27  ffr. / 52 pages
ISBN : 978-2-800-15717-7
FORMAT : 21x29 cm

Couleurs: Brigitte Findakly

Une vie après le Donjon

On avait laissé Ralph Azham, héros et sauveur malgré lui, partir en quête de Vom Syrus, l’envahisseur barbare, mais peut être aussi le seul allié possible dans la guerre qui l’oppose au roi. Ce dernier est en fait un métamorphe nommé Malek, lequel a entrepris de massacrer discrètement tous les « démons bleus » dont Azham est devenu le dernier espoir. Epopée donc : il a fallu trouver un navire et un équipage pour aller jusqu’à Vom Syrus, mais grâce aux ressources des prêtresses, Azham – officiellement l’élu, qui coupera la tête de Vom Syrus – a désormais les moyens de ses ambitions. Encore faut-il traverser discrètement la mer, aborder le royaume de Vom Syrus, atteindre sa capitale, son palais puis son trône… et ce en évitant gardes, trolls des eaux et autres pièges. Et surtout, il s’agit de mener, dans une expédition dangereuse, un vieux magicien à l’esprit infantile, une belle voleuse jalouse et une prêtresse amoureuse. Ce n’est plus une quête, c’est une colonie de vacances d’aventuriers, partis trahir leur patrie et négocier en terre ennemie. Il a un don pour les causes perdues et les missions impossibles, ce Ralph Azham ?

Rythme de croisière et esprit « trondheimien » pour cette série fantastique, qui, doucement, s’impose comme l’alternative au regretté Donjon. La recette humour et fantastique, avec une pincée de cynisme adulte et quelques dialogues croustillants fonctionne : on guette les saillies des uns et des autres, on apprécie l’évolution du personnage, passé de candide à « père des démons » et surtout, on aime ce ton mi enfantin, mi adulte, qui fait que les personnages ne sont pas toujours des benêts comme Mickey, qu’ils peuvent être énervés, machiavéliques, mesquins, violents tout en restant des héros. Avec Ralph Azham, même les démembrements – méthode de combat Azham – font gags, et le gore se teinte de dérision. Et puis cette ambiance très jeux de rôle (des personnages aux atouts complémentaires, une quête, des adversaires étranges, des décors bien travaillés avec une touche d’exotisme, un peu de magie et beaucoup d’astuce, et en bout de course… un final inattendu) s’avère diablement efficace : pas de temps morts et des péripéties qui s’enchaînent sans le côté parfois artificiel de la fantasy. Bref, une série qui a trouvé son style, son unité, et qui continue efficacement son chemin vers un dénouement encore difficile à prophétiser.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 23/06/2013 )
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