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Bande dessinéeet Science-fiction  

Urban (tome 3) - Que la lumière soit…
de Luc Brunschwig et Roberto Ricci
Futuropolis 2014 /  13.50 €- 88.43  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7548-0995-5
FORMAT : 23x32,5 cm

Sodome et Gomorrhe SF

Dans le futur, l’humanité a essaimé dans l’univers et travaille dur à cette colonisation, en échange de vacances, de loisirs que le gouvernement terrestre lui attribue par une loi, qui accorde à tout le monde 15 jours de vacances dans Le parce de loisirs le plus futuriste : Monplaisir. Construit sur les ruines de Chicago par un maître de la cybernétique, aussi habile que retors, Monplaisir accueille les travailleurs de toute la galaxie, venus tenter leur chance et jouer, jouer, jouer. Mais un jour, des terroristes ciblent cette nouvelle capitale du jeu. Face à eux, l’agent Buzz, de la brigade des Urban interceptors, enquête… tâche compliquée. Car l’attentat terroriste cache, dans son tumulte, un assassinat, celui d’un enfant, exécuté par un tueur à gage pour un motif mystérieux. Et dans ce climat de passions sans brides, Buzz tente de garder sa raison et de ne pas dévier de son but : trouver qui veut exécuter un enfant de dix ans… Et pendant ce temps, à l’extérieur de Monplaisir, des robots d’entretiens se révoltent et tuent leurs maîtres humains… Il semblerait qu’une fois de plus, l’humanité soient punies pour ses vices, et que la punition s’appelle cybernétique !

Avec ce troisième tome de la série Urban, les amateurs d’une science-fiction à dimension philosophique en ont pour leur argent : Urban pose de nombreuses questions, sur le plaisir, le jeu, le hasard, les choix que l’on fait et qui gouvernent une vie. Surtout, en opposant deux personnages aux antipodes, Buzz – le justicier vertueux au service du système – et Springy – le créateur-manipulateur dépassé par sa création, Luc Brunschwig (Le pouvoir des innocents, Mic Mac Adam, etc.) propose un couple singulier d’antihéros au service d’une parabole sur la société de consommation, le pouvoir et ses excès. Sur l’intrigue policière, classique, se superpose un questionnement existentiel qui s’avère passionnant, dans un décor – une Sodome ou Gomorrhe futuriste, qui a érigé le plaisir sans contraintes, au cœur de ses ambitions. Et cette belle série est en outre servie par un graphisme puissant, de Roberto Ricci, un travail subtil sur les ombres et les lumières (des néons, des écrans) et qui joue du clair obscur pour dévoiler les pulsions et les doutes des divers personnages. Du graphisme minutieux et dense, au travail délicat des couleurs, en passant par une mise en scène qui sait alterner les points de vue et les ambiances, Roberto Ricci livre un excellent album, qui se détache, par son côté vaguement onirique, des conventions habituelles de la série SF. Une réussite à suivre.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 30/09/2014 )
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