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Bande dessinéeet Science-fiction  

Le Dernier Troyen (tome 3) - Les Lotophages
de Valérie Mangin et Thierry Demarez
Soleil 2005 /  12.50 €- 81.88  ffr. / 48 pages
ISBN : 2849462683
FORMAT : 23 x 33 cm

Planète interdite ?

La mythologie a le vent en poupe dans l’univers de la BD : tandis que Crisse révolutionne l’ancienne Egypte (Ishanti) après s’être promené en Grèce antique (Atalante), Valérie Mangin et Thierry Demarez poursuivent leur relecture SF de l’Eneide, mixée avec l’Odyssée, dans Le Dernier Troyen. Et si toutes les adaptations des nombreuses mythologies pouvaient avoir cette qualité, les anciens dieux auraient un avenir prometteur dans le pays des bulles.

Le Dernier Troyen conte les aventures d’Enée, fuyant dans l’espace avec les reste de la ville de Troie, à la recherche d’un havre, d’une nouvelle planète (qui sera un jour la nouvelle Rome). Et sillonnant l’espace aux ordres de Minerve sur les traces d’un autre, héros célèbre, le basileus Ulysse, il se heurte aux mêmes obstacles. Avec ce troisième opus, on débarque sur la planète des lotophages. L’épisode homérique trouve ici une adaptation inattendue, qui dépasse largement les vertus débilitantes de la fleur de loto, pour concerner une planète entière, transformée en un immense piège pour naufragés spatiaux. Mais Enée n’est pas n’importe qui, et les dieux de l’Olympe – Mars et Minerve notamment – veillent.

Le scénario de Valérie Mangin est assez efficace : capable de broder sur le thème de l’Odyssée tout en sachant s’en écarter pour garder au récit une originalité bienvenue, Valérie Mangin donne un souffle très space opera au récit mythique. Le personnage d’Enée, si il mériterait plus de développements, est assez travaillé, en particulier dans son rapport avec son ennemi intime, Ulysse. Le lecteur exigeant attendrait peut être davantage de choses sur les autres troyens, la description d’une communauté en exode… bref, une mise en contexte plus fouillée qui rendrait le héros plus attachant. Mais tel quel, le récit est bien rythmé et le piège des Lotophages s’avère tout à fait impressionnant. Le graphisme de Thierry Demarez trouve dans le paysage forestier de la planète Loto un décor à la mesure de son talent. Si les personnages ont toujours un côté un peu lissé, qui joue avec talent sur les effets de lumière mais qui ne les individualise pas forcément, l’ambiance étouffante, tropicale, dangereuse de la planète est parfaitement rendue et le final – une intervention divine – est grandiose. Les deux auteurs se sont attachés à transposer en SF l’adjectif « homérique » et ils y réussissent pleinement dans cet album.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 30/10/2005 )
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