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Bande dessinéeet Science-fiction  

Orbital (tome 2) - Ruptures
de Sylvain Runberg et Serge Pellé
Dupuis - Repérages 2007 /  13 €- 85.15  ffr. / 54 pages
ISBN : 9782800139272
FORMAT : 24x32 cm

Casques bleus en orbite

Dans la famille des couples mythiques de la SF, Valérian et Laureline, agents spatio-temporels de la défunte Galaxity, font figures de grands anciens… mais avec Orbital et ses héros, le terrien Caleb et Mézoké, extra-terrestre bien sous tous rapports, il semblerait que la relève se prépare.

Mise en orbite l’année dernière par Sylvain Runberg (Hammerfall, Kookabura…) et Serge Pelé, la série Orbital s’impose d’emblée, avec ce deuxième tome, comme une excellente variation SF, dans un style à la fois sobre et efficace. Loin des batailleurs de toutes sortes, les deux héros, couple improbable d’agents galactiques, sont des diplomates et des pacificateurs au service de l’Office Diplomatique Intermondial. Sans autre atout que leur bonne volonté, leur cerveau et un peu de doigté, ils sont censés résoudre sans heurts des crises et tensions entre sociétés galactiques.

Dans ce nouvel album, on retrouve Caleb et Mézoké dans une situation périlleuse, voire inextricable : d’un côté, une communauté terrienne de colons, installée sur Senestram, une petite lune de la planète Uppsall, de l’autre, les Jävlodes, habitants de la planète Upsall, et désireux de récupérer leur lune, laquelle contient du triélium, un minerai rare et explosif. Le conflit, latent, est encore envenimé par les tensions au sein de la communauté terrienne, entre pacifistes et impérialistes (et ce jusque dans l’espace), ainsi que par l’agressivité croissante des Jävlodes, prêts à déclencher un conflit galactique. Et si en plus une race de parasites menace les terriens, on peut dire que Caleb et Mézoké ont de quoi s’occuper.

L’intrigue est touffue, complexe, mais les fils se dénouent au fur et à mesure : scénariste roué, Sylvain Runberg sait amener peu à peu son lecteur à une situation de plus en plus fermée, dont les héros parviennent à s’extraire grâce à un bon sens un peu oublié. Quelques trouvailles viennent par ailleurs renforcer cette atmosphère de SF politique subtile, assez éloignée du space opera : Angus, le vaisseau vivant et conscient, Nina, sa pilote, qui s’éloigne peu à peu de son humanité, et les convictions politiques de cette fédération. Un récit qui marque une certaine maturité, servi il est vrai par le trait de Serge Pelé, tout en finesse, pas éloigné d’ailleurs de celui de Mézières. Dans des tons un peu gris, un peu terne, Pelé décrit une planète de mineurs, aride, rude, dont les seules richesses sont en sous-sol, une communauté un peu fermée voire hostile aux agents de l’Office, et des tensions internes qui contaminent peu à peu tout le monde. Le côté huis clos de cette communauté de colons aux prises avec des prédateurs est bien travaillé. À l’inverse, la planète Upssal, colorée et grandiose (dans le genre architecture surréaliste) marque également un contraste. Troisième « lieu », le vaisseau Angus trouve son inspiration du côté des Métabarons, comme un hommage réussi à une série novatrice en de nombreux points.

Mission accomplie en tous les cas, pour ces deux héros qui propulsent leur série dans un univers à la fois riche et exigeant, celui d’une science-fiction adulte, solide et originale : un vrai pari gagné pour les auteurs, dont il faut vite espérer un nouvel album.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 10/07/2007 )
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