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Bande dessinéeet Chroniques - Autobiographie  

Celle que (tome 2) - Je voudrais être
de Vanyda
Dargaud 2009 /  14 €- 91.7  ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-5050-0575-9
FORMAT : 24x17 cm

Passer la seconde

Vanyda se confirme dans chaque livre comme la dessinatrice des petits riens, la narratrice de la vie qui coule, comme un long fleuve impétueux. Découverte avec L’immeuble d’en face, une chronique de voisinage entre amour et déprime, elle confirme son talent avec Celle que, ou l’histoire d’une adolescence comme les autres.
Dans Celle que je voudrais être, on retrouve Valentine à l’endroit exact où on l’avait laissée à la fin de Celle que je ne suis pas. Nouvelle au lycée, la jeune fille réservée découvre avec angoisse qu’elle ne sera pas dans la même classe que ses amies du collège. Amies qu’elle s’empressera bien sûr de retrouver le midi et aux récréations. Mais de semaine en semaine, d’autres rencontres multiplient ses centres de gravité, et lui laissent imaginer d’autres façons de vivre.

Alors que le premier volume s’attachait surtout à nous présenter les personnages, et la vie de Valentine baignant dans l’ennui, le second commence le long virage qui donnera un sens à sa vie. Dans les livres de Vanyda, il y a moins de ruptures brutales que des constructions lentes et réalistes : par petites touches, nous voyons les changements s’opérer, les courants entraîner notre héroïne vers des destins différents. Les seconds rôles de son existence ne sont pas joués d’avance, ils se déterminent un peu au hasard, et on ne sait jamais au départ qui aura le dernier mot. Tout se joue donc sur une année, marquée de prises de consciences progressives et d’incidents éphémères.
Ce réalisme quotidien n’empêche pas le lecteur de s’interroger avec régularité sur l’avenir de Valentine. En particulier sur le domaine phare de l’adolescence, l’amour… Valentine nage mal entre les nombreux garçons qui l’accostent, pensant peut-être avoir une chance avec cette jolie timide : le copain d’enfance, fort en gueule et parfois un peu lourd, le dragueur nul de vacances, le moche sympa et collant, et évidemment le mec idéal mais déjà pris.
On prend donc des paris sur celui qu’elle finira par choisir, espérant pour tel ou tel qu’on trouvera plus sympathique, et risquant fort de se tromper. Comme dans la vraie vie, là encore, les fantasmes et les espoirs évoluent avec le temps, et tout peut basculer très vite.
Pour s’aider à mûrir, Valentine trouvera deux soutiens. L’expression artistique, qui par le biais du manga et du hip hop va lui ouvrir des goulées d’air frais, et lui donner un premier déclic. Et une forme de morale, qui commence à se frayer un chemin dans ses choix et l’aide à opter pour la solution la moins mauvaise.
De jour en jour, Valentine se rend compte qu’elle n’est pas obligée de suivre, mais qu’elle peut mener la danse. C’est le début de la fin de l’adolescence, promise comme une conclusion inévitable. Vanyda réussit très bien la synthèse entre le général et le particulier, dressant un portrait intemporel, que quelques éléments ancrent pourtant dans un espace-temps contemporain. Les sentiments, eux, sont reconnaissables par tout un chacun.

Clément Lemoine
( Mis en ligne le 27/08/2009 )
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