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Bande dessinéeet Chroniques - Autobiographie  

Les Petits Riens (tome 5) - Le robinet musical
de Lewis Trondheim
Delcourt - Shampooing 2011 /  11.50 €- 75.33  ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-7560-2090-7
FORMAT : 14,7x21 cm

Water music

Cinquième tome des Petits Riens, ce "Robinet musical" reste dans la tonalité des volumes précédents, un carnet de voyages et d’impressions, teinté d’un humour léger et, le plus souvent, mélancolique. Lewis Trondheim voyage, visite, parcourt le monde : Etats-Unis, Japon, Canada, Espagne… et rituellement, Angoulême pour son festival de la BD. La nouveauté, c’est qu’il se promène désormais en couple (les enfants sont grands…), mais cela ne change finalement pas grand-chose au personnage, et à son regard qui mêle constamment humour, nostalgie, angoisse, ironie. Des petites touches de vie, dans lesquelles Trondheim campe, toujours avec bonheur, son personnage bougon, un rien misanthrope, un peu hypocondriaque, confronté aux rigueurs de la vie comme à ses bizarreries (au choix : les W.C. trop étroites, les strip-tease rituels dans les aéroports, les défilés de zombies…). Casquette vissée sur la tête, il observe et croque de tout : couchers de soleil romantiques et plaque de peinture écaillée… du grand spectacle et du minimalisme extrême (premier prix pour la gouttelette de café, obsédante, sur fond de napperon blanc). Un monde connu donc, mais parfois hostile : la pluie, la complexité du progrès, les autres (surtout les autres…). Pourtant, le monde n’est pas trop féroce avec Lewis - c’est vrai qu’il manque parfois un bon Godzilla pour égayer une série de gratte-ciels - et à l’exception de quelques agressions banales (le type qui fait hurler ses écouteurs dans le train et s’offusque qu’on lui demande de baisser le son, la pluie d’acariens tombés d’un tapis, les scorpions géants d’un jeu vidéo…), la vie s’écoule, rythmée par ces « petits riens » qui sont autant de réflexions mi figue, mi raisin sur l’univers, les gens, le temps qui passe.

Les carnets de Trondheim sont désormais une institution : un moment d’intimité, sur le mode rigolo, partagé avec un dessinateur compulsif, inspiré, capable de discerner dans un quotidien banal, la petite touche de bizarrerie, le contraste insolite ou le freak qui se cache en chacun de nous. Un regard aiguisé, qui sait débusquer les ridicules anodins, les mesquineries quotidiennes… et qui sait en rire. On peut tous se retrouver, tant dans la peau de l’auteur que dans celle des « croqués ». Et puis entre deux escales, le traditionnel festival de la bande dessinnée et, nouveauté, un ton un peu plus vachard pour évoquer les délibérations (et le travail de Manara, épinglé d’une cruelle, mais très juste remarque sur l’essence de son talent)… Un tête-à-tête qui se prolonge avec les lecteurs… à suivre pour les fans, à découvrir pour les amateurs de quotidien et d’humour anglais.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 25/04/2011 )
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