L'actualité du livre
Bande dessinéeet Chroniques - Autobiographie  

Vertiges de Quito
de Didier Tronchet
Futuropolis 2014 /  18.50 €- 121.18  ffr. / 120 pages
ISBN : 978-2-7548-1137-8
FORMAT : 19,5X26,5 cm

L’Amérique (l’autre !)

Un jour, Didier Tronchet, l’auteur de Raymond Calbuth, de Jean-Claude Tergal et autres aventuriers urbains, est parti en Equateur, voyage qui devait durer un an et qui en dura finalement trois. Entre-temps, l’auteur a tâté du hamac, rencontré les gens de sa rue (une longue rue qui part de Quito pour aboutir à l’océan, avec quelques tournants et un peu d’Amazonie) et écouté leurs histoires, il s’est promené parmi les indiens /indigènes en évitant de boire la chicha, la boisson fermentée (à coup de salive), a convoyé un ambassadeur curieux, erré sur un immense lac salé, croisé un cousin du renard de Saint-Exupéry avant de regarder le diable, celui des mineurs, dans les yeux. Et surtout, il a vu, dans ces trois années, grandir son fils, aventure vertigineuse qui passe par un village perdu dans la forêt, pour aboutir dans quelques dessins insérés dans l’album. Le récit de tous ces moments n’est pas vraiment un reportage, pas plus un journal de voyage, c’est une chronique, sur le mode réaliste et fantastique qui éclaire la littérature latino-américaine, une chronique tendre où l’on observe avec tendresse les gens, un chouette moment de vie, ô combien exotique, raconté avec un pinceau trempé dans une palette tropicale. Il y a de la tendresse, de l’humour (jamais d’ironie, si ce n’est contre lui-même) et l’émotion d’un père et d’un mari qui observe sa famille.

Après avoir livré, sous forme de bandes dessinées, ses reportages à la belle revue XXI, Didier Tronchet en donne une version album : une excellente initiative des éditions Futuropolis pour découvrir ou redécouvrir ces tranches de vie colorées, à la lisière du fantastique. On s’y promène dans une Amérique latine qui hésite entre la carte postale, le surréalisme et le quotidien, un quotidien scruté avec détachement par un émule de Raymond Queneau. Le résultat est touchant, et bluffant : sur un ton simple et bonhomme, avec ce coup de pinceau reconnaissable – gentiment caricatural – Tronchet raconte, fait parler les uns et les autres, se met en scène en candide de l’histoire (l’excursion dans le village de Sarayaku, avec en arrière plan, l’Oreille cassée, vaut son pesant de chicha). Dans une certaine mesure, il nous invite chez lui, dans sa famille et dans sa vie, sans chichis : le charme de cet album, c’est qu’on a l’impression que Quito est au bout de la rue. Une réussite donc, un peu intimiste, un peu surréaliste : un bon moyen de fuir le quotidien – le vrai - et l’une des pépites de la rentrée.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 23/09/2014 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)