Bande dessinée
Policier - Thriller de VoRo et Jean-Blaise Djian
Vents d'ouest - Turbulences 2005 / 8.99 €- 58.88 ffr. / 48 pages
ISBN : 274930184X
FORMAT : 23 x 30 cm
Intrigues dans la « belle province »
Un village un peu perdu au fond d’une vallée, une communauté rustique et soudée, un meurtre mystérieux et un shérif étranger… cela ressemble à l’argument d’un bon western, mais la scène se passe au Canada. Dans un premier album, le shérif de Nid-de-roche, Emile Lemay, voit se braquer contre lui un village entier à la suite d’une enquête menée « avec partialité » : une pétition, signée par 93% de ses concitoyens, l’accuse. Ce nouvel épisode commence par la destitution de Lemay, lequel ne parvient toutefois pas à quitter ce lieu qui l’obsède. Il n’a pour tout contact que Marie, qui l’aime et fait de lui un barman, et Wilfrid, le shérif adjoint, plus retors qu’il n’y paraît… Mais l’Etat n’entend pas laisser le meurtre de Mr Richer, le notable local, impuni, et expédie au village un nouveau shérif aux méthodes plus brutales, Bilodeau. Face à ce nouveau venu, raide comme la justice (mais nettement plus inquiétant), la communauté sert les coudes, tandis que Lemay, réintégré parmi les siens, reprend le fil de son enquête. Dans l’ombre, la vérité se fait jour, petit à petit, et tourne autour d’un adolescent étrange, fruit des amours adultères de la veuve Richer, Firmin. Le climat s’alourdit encore, et les armes risquent de parler…
Un récit policier dans le fin fond du Canada, voilà qui n’est pas banal… hélas, l’exotisme n’est pas au rendez-vous (ce qui est vraiment dommage, car cela aurait ajouté une touche sympathique) et l’histoire pourrait se situer à peu près n’importe où. Du reste, les charmes québécois ne constituent pas l’essentiel de l’album, mais bien plutôt un huis clos pesant entre un village resserré autour de ses habitants et de leurs secrets, et un shérif venu « de la ville » avec des méthodes de gangster. Le face-à-face entre les villageois et l’autorité s’avère du reste inquiétant : l’ambiance de cet album est sombre et l’on pressent un secret partagé par tous. Si vous appréciez les polars ruraux et les atmosphères tendues à force de non-dit et de méfiance, alors Tard dans la nuit est pour vous. Certes, le graphisme est assez banal, sans force, et la monotonie des couleurs donne l’impression d’une crépuscule perpétuel : mais ce décor lugubre n’en rend que plus éprouvante l’enquête. L’ensemble se lit comme un roman graphique, en attendant le retour du soleil.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 26/03/2005 )
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