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Bande dessinéeet Aventure  

Jour J (tome 11) - La Nuit des Tuileries
de Jean-Pierre Pécau , Fred Duval et Florent Calvez
Delcourt - Neopolis / Série B 2012 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 64 pages
ISBN : 978-2-7560-2751-7
FORMAT : 24x32 cm

L’envol de l’aigle

La Révolution française, la fuite de Louis XVI… oui, oui, tout cela est connu, mais si Louis XVI avait fui en ballon (joli) et si, par hasard, une balle l’avait tué : alors Marie-Antoinette serait devenue régente, et Louis XVII fils (ou non) de Louis XVI, l’héritier légitime du trône. Encore faut-il une défaite des révolutionnaires. Dans ce onzième tome de Jour J, la révolution, menée à Paris par Robespierre et ses enragés, abrite en son sein un complot discret, mais efficace, pour précipiter la chute de l’incorruptible, et remettre sur le trône un Louis XVII « roi des Français »…Trente ans d’économisés jusqu’à 1830 et la monarchie de juillet ? Car dans l’ombre, de puissants personnages conspirent, pour aider le jeune prince ou au contraire se débarrasser de lui, et – paradoxalement – un Napoléon se retrouve dans le camp du Dauphin, quand son oncle d’Artois a les mêmes desseins que Robespierre… Ambiance méphitique dans cette France du XIXe siècle débutant, tandis que quelques grands personnages, les Fouché, les Danton, les Bonaparte, s’agitent ou attendent leur heure. Seul, non sans audace, Vidocq, bagnard en rupture de ban, reste fidèle à sa promesse et à sa mission…

Pour les amateurs d’aventure révolutionnaire, cet album est une mine, qui joue à fond le jeu de l’uchronie : Bonaparte notamment y devient un personnage singulier, éminent mais à une place insolite… quant à Vidocq, son intervention, bien avant son heure, est un plaisir inattendu. Le scénario est, on l’aura compris, fort bien tourné, et si le jeune Louis XVII s’avère un peu exaspérant dans son jeu d’enfant insupportable, les autres personnages sont fidèles à leur réputation, et trouvent, dans des rôles originaux, voire à contre-emploi, une légitimité nouvelle. Au pinceau, Florent Calvez (Les Aventures extraordinaires de Nelson Lobster) opte pour un réalisme efficace, sans fioritures, qui ne se démarque guère des portraits traditionnels du temps… on reconnaît les divers protagonistes, mais le Paris révolutionnaire manque un peu de cette masse, et de cette couleur, qui faisait la richesse de la période. Si l’intrigue est solide, le décor aurait pu être un peu plus élaboré, pour restituer l’ambiance électrique de la révolution. Au final, un album très plaisant, maîtrisé, qui sait surprendre par son intrigue, plus que par son interprétation du Paris révolutionnaire.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 21/12/2012 )
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