Bande dessinée Aventure |
Olympia de Bastien Vivès et Ruppert & Mulot Dupuis - Aire Libre 2015 / 20.50 €- 134.28 ffr. / 136 pages ISBN : 978-2-8001-6343-7 FORMAT : 23,7x31 cm Chahut à l'Olympia Après le succès de La Grande Odalisque, l'improbable trio Vivès-Ruppert-Mulot remet le couvert. On retrouve donc tous les ingrédients déjà présents dans le premier tome, agencés dans une nouvelle intrigue. Désormais dépourvues de l'originalité de leur naissance, les aventures de Sam, Alex et Carole donnent lieu à une histoire plus convenue, mais tout aussi plaisante. Première surprise, la mort émouvante qui concluait La Grande Odalisque se révèle fausse. Pas d'explication pour autant, mais une simple reconnaissance du fait que le trio de personnages existe encore. Mieux : Carole est enceinte d'on-ne-sait-qui, de sorte que les trois jeunes femmes envisagent leur avenir dans l'esprit d'une maternité collective : cette fois, il ne s'agit finalement pas tant d'esthétisme que de créer quelque chose qui respire par soi-même. Si l'objectif de Vivès, Ruppert et Mulot est de donner de la chair à leurs héroïnes, ils y parviennent au moins pour l'une des trois. Alex se présente de plus en plus comme une protagoniste humaine et drôle, capable de tous les excès pour tirer le récit vers l'inattendu et pourtant riche en émotions potentielles. Carole et Sam la suivent sans toujours maîtriser un fil narratif prêt à leur exploser dans les pattes. Les voleuses font donc l'objet de sérieuses menaces de mort qu'elles ne peuvent éloigner qu'à la condition de dérober cette fois trois tableaux exposés au Petit Palais : la Vénus endormie de Giorgone, la Vénus d'Urbin du Titien et Olympia de Manet, excusez du peu. La ligne est maintenant tracée d'une série d'aventures policières mêlant suspense et fantaisie, morceaux de bravoure trépidants et à-côtés ironiques : on pourrait imaginer le concept se prolonger à l'infini. Le récit d’Olympia peut se lire comme un thriller où les héroïnes sont sans cesse en danger de mort, ou comme le portrait amusé de jeunes femmes se forçant un passage dans la société. Quelque part entre A bout de souffle et Cat's Eyes. Comme de juste, pour séduire le lecteur mâle, il y a encore des seins de plus en plus gros, mais moins d'érotisme diffus, qui ne dépassera jamais l'évocation de cette couverture surréaliste éclairée par un corps féminin nu nageant au-dessus d'un sous-marin. La scène fait écho au grand final de l'album, qui plonge dans l'eau le Petit Palais pour une réjouissante transgression. Ce goût pour l'image forte et décalée se retrouve dans des situations insolites et des dialogues impromptus qui font beaucoup pour l'identité de l'album. « Je suis passée devant le frigo et j'ai pris un assez gros bout de camembert avant d'aller me coucher, et après en fait je me suis endormie avant d'avoir eu le temps de finir ma bouchée, du coup la nuit je pense que j'ai respiré la bouche ouverte et avec le camembert... et là j'ai la langue hyper enflammée. » Il faut de l'audace, nous disent les auteurs. Lady Gaga est renvoyée aux oubliettes des artistes convenus, noyée par un trio qui chevauche les torpilles et vandalise les musées. À défaut de faire la révolution, ils incarnent l'énergie de Danton. Clément Lemoine ( Mis en ligne le 27/10/2015 ) |
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